Nacho devant
Quoi de plus normal que de voir se produire à Fourvière la Compañia Nacional de Danza, dirigée par Nacho Duato, là où ses deux maîtres ont connu de mémorables succès. C’est en effet à mudra, l’école de Maurice Béjart, puis auprès de l’américain Alvin Aley, que s’est formé le chorégraphe espagnol Nacho Duato. Le moins que l’on puisse dire est qu’il a hérité de ces deux monstres sacrés son goût pour le lyrisme et la perfection technique. Les ballets de Nacho Duato forment des mouvements d’une cohérence et d’une fluidité parfaites, soutenus ou plutôt inspirés par des partitions musicales aussi singulières qu’émouvantes. Sa compagnie présente à Fourvière trois programmes dont sa dernière création Domine Nostra inspiré par la partition éponyme du compositeur polonais Henrik Górecki. C’est une toute autre mystique qu’il explore dans Gnawa, pièce conçue en 2005 ; les Gnawas sont les descendants d’esclaves issus d’Afrique noire, déplacée vers le Maghreb et notamment le Maroc, qui ont produit des rituels et une musique inspirés de leurs origines subsahariennes autant que de leur environnement actuel. Des influences flamenco finissent de colorer ce mélange musical pour une composition hypnotique et harmonieuse. À l’instar de la musique, la chorégraphie imaginée par Nacho Duato est extrêmement aérienne ; les lignes des danseurs, comme celles dessinées par leurs déplacements, sont d’une pureté et d’une précision remarquables. Les duos sont impressionnants de délicatesse et de virtuosité ; rien n’est poussé, forcé ou surjoué. On a l’impression de surprendre une faune qui s’éveille puis s’étire aux aurores, avant de chercher la volupté dans quelques danses chorales aux rythmes tribaux. Œuvres aux ambitions contemporaines, servies par une technique classique parfaite, les chorégraphies de Nacho Duato sont toujours des moments de grâce auxquelles il est difficile de rester insensible.
Les 21 et 22 juillet à 22h
Amphithéâtre de Fourvière, 6 rue de l’Antiquaille-Lyon 5 / 04.72.32.00.00
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