Perfide EDVIGE

Vergine KeatonEn plein cœur de l’été, un décret est signé en catimini, qui permet de ficher les homosexuels et les séropositifs.

EDVIGE, le trou de serrure universel. Le 1er juillet 2008, sous la signature de François Fillon et de Michèle Alliot-Marie, un décret créait le plus vaste fichage des citoyens jamais imaginé en France : Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information Générale (EDVIGE). Un décret, même pas une loi. Pas de débat parlementaire, pas d’opposition, pas de bruit. Sans la CNIL (Commission Nationale Informatique et Liberté) qui a insisté pour qu’il y ait une publication au journal officiel (JO), on n’en aurait rien su. Et sans le magazine Têtu, qui lit le JO, même le premier jour de juillet. Toute personne de plus de 13 ans peut désormais se voir mise en fiche, avec son origine ethnique, ses convictions religieuses ou philosophiques, son appartenance politique ou syndicale. Et aussi : son orientation sexuelle et sa sérologie. «Ce n’est pas un fichier nouveau» plaide la ministre de l’Intérieur, «mais seulement la reprise de l’ancien fichier des renseignements généraux». Surprise, on croyait qu’un tel fichier n’existait pas ! En tout cas, il ne concernait pas les mineurs, ni les homosexuels, ni les séropositifs. Et puis il n’était pas ouvert à tous les vents. Avec EDVIGE, n’importe quel agent de l’État peut avoir accès aux informations au seul prétexte que c’est «nécessaire à l’exercice de ses responsabilités», c’est-à-dire pour tout et n’importe quoi. Avec EDVIGE, c’est l’espionnage d’État en libre-service. La CNIL avait pourtant émis des réserves, dans un avis daté du 16 juin dernier. Mais, cela devient une habitude, le gouvernement est passé outre les objections les plus graves, celles qui concernent les droits de l’homme. Vent debout contre ce décret, les associations gays, les droitsdel’hommistes, les avocats, les magistrats, les syndicats, les politiques. Au moins quatre recours sont déposés au Conseil d’État. Et si cela ne suffit pas, il y aura la Cour Européenne des Droits de l’Homme, dont on ne voit pas comment elle pourrait laisser passer ça (voir le recours d’Étienne Tête). N’empêche. En attendant, EDVIGE existe. On se souvient de Vichy et de la première législation française anti-homo le 6 août 1942…

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