Durs à cuir

Le cuir est un fantasme mais aussi (et par conséquent) un marché. Adeptes et consommateurs du cuir sont-ils tous les mêmes ? Éléments de réponse avec Bruno du Dogklub.

Bruno a ouvert le Dogklub il y a quelques mois en bas des pentes de la Croix-Rousse à Lyon. Auparavant responsable d’un sexclub à Annemasse, fabriquant d’accessoires et aujourd’hui gérant d’une boutique dédiée au sexe, il partage avec nous quelques réflexions sur le cuir et ses usages.

Comment se porte le commerce du cuir ?
Il ne faut pas envisager le cuir comme on le voyait il y a trente ans. À l’époque, on désignait essentiellement par là pantalons, chaps, gilets… aujourd’hui, ces pièces sont l’apanage de quelques fétichistes qui investissent dans leur fantasme. Ce qui se développe en revanche, et ce que l’on vend bien, ce sont les accessoires : colliers, menottes, cockrings ou harnais. Mais le cuir dans son usage véritablement fétichiste représente une part marginale représente une part marginale de notre activité.

Le cuir est-il élitiste ?
Encore une fois, tout dépend de l’usage. Les accessoires avec lesquels on pimente sa sexualité ou son look ne sont pas très chers. Une paire de menottes coûte entre 30 et 60 euros, un harnais 70, un cockring 10 euros. En revanche, pour une cagoule, il faut tout de suite débourser 350€ et plus de 100€ pour une paire de rangers. Donc oui, cela revient cher. Et puis les soirées fétichistes affichent aussi des prix d’entrée prohibitifs. Le milieu gay s’en sort bien puisque c’est là que l’on peut assouvir ses fantasmes à moindre coût.

Hétéros et gays se retrouvent-ils dans une «communauté cuir» ?
Non je ne crois pas : hétéros et gays se mélangent peu, même lorsqu’ils partagent la passion du cuir. Les hétéros organisent des événements spécifiques alors que chez les gays, les adeptes du cuir fréquentent les sexclubs au même titre que les autres et le plus souvent parmi eux ; on les voit plus facilement, c’est plus affirmé et mieux accepté.

Alors pourquoi ne pas organiser une soirée cuir homo ?
Je pense que cela ne fonctionnerait pas ; selon moi, il n’y a pas d’avenir pour les dress code trop stricts. C’est une erreur de se fermer et de former des communautés à l’intérieur de la communauté. Le mélange entre les différents types d’attitudes et de looks me paraît plus intéressant : dans une même soirée sexe, il peut y avoir des mecs en cuir, certains en survêts, d’autres en latex ou à poil.

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