Festival Face à face : la sélection

festival face à faceDevenu incontournable dans le circuit des festivals de cinéma LGBT, le festival Face à Face propose cette année cinq longs-métrages de fiction. Quelques pistes pour faire vos choix.

 

Le Clan
De Gaël Morel, avec Stéphane Rideau, Nicolas Cazalé, Thomas Dumerchez, Salim Kechiouche.
De tous les cinéastes revendiquant leur homosexualité et en faisant un des thèmes de prédilection de leurs films qu’on a vu apparaître ces dernières années en France, Gaël Morel est certainement celui qui pousse le plus loin l’exploitation de la beauté masculine. De ce point de vue, cette histoire tendue de frères Le Clan est une manière de chef-d’œuvre, réunissant un casting à la sensualité débordante que sa caméra filme avec amour et désir. Entre Stéphane Rideau, Nicolas Cazalé et Thomas Dumerchez, frères qui s’affrontent et qui s’aiment, qui cherchent leur place les uns par rapport aux autres en se heurtant et en s’entraidant, la figure essentielle est peut-être celle de Salim Kechiouche, ami de l’un, presque frère de l’autre et amant du troisième. Un film à la puissance noire et à l’érotisme solaire aussi évidents l’un que l’autre.

Les Chansons d’amour
De Christophe Honoré, avec Louis Garrel, Ludivine Sagnier, Clotilde Hesme, Grégoire Leprince-Ringuet.
Christophe Honoré (qui a par ailleurs co-écrit le scénario du Clan de Gaël Morel) est écrivain et cinéaste, cinéphile aussi, et notamment fou de Jacques Demy et de ses Demoiselles de Rochefort. Avec Les Chansons d’amour, il tente l’hommage, comédie (ou tragédie) musicale dont les chapitres renvoient au film de l’ami Jacques. Au début, il y a un garçon entre deux filles. L’une des deux préfère les nanas mais fait avec le mec. L’une meurt. Le garçon pleure. Arrive un autre jeune homme. Et l’amour reprend ses droits, entre beaux gars cette fois… Les chansons d’Alex Beaupain sont délicieusement pop, les comédiens parfaits, les sentiments tristes et gais, la mise en scène un peu distante. Un film rare pour qui la sexualité ni l’amour n’ont besoin de préfixe.

The Gymnast
De Ned Farr, avec Dreya Weber, Addie Yungmee, John Lee Ames.
La romance est une forme difficile, tant il est aisé de sombrer dans la mièvrerie. Ce n’est pas le cas de The Gymnast qui, sans renouveler le schéma commun à tant de films pour nanas (deux filles qui n’ont rien en commun se rencontrent, se découvrent, surmontent leurs réticences et tombent amoureuses), réussit à ne pas en être prisonnier. Certainement grâce à la beauté plastique des séquences de trapèze puisque c’est autour de cet accessoire acrobatique que le désir des deux héroïnes va se nouer et leur vie prendre un nouvel élan.

Riparo
De Marco Simon Puccioni, avec Maria De Medeiros, Antonia Liskova, Mounir Ouadi.
Riparo est un film qui pose des questions de fond, des questions qui s’adressent directement à la société dans laquelle nous vivons (celle de l’immigration notamment) mais aussi, très intimement, à chacun(e) d’entre nous (et d’abord au couple). Au centre de ce récit, deux femmes, deux amantes de retour en Italie après un séjour en Tunisie. Et dans leur coffre, un passager clandestin, jeune garçon cherchant une nouvelle vie ailleurs. Son irruption dans ce couple va tout bouleverser, révélant des inquiétudes (la peur de vieillir) et des failles (le désir d’enfant non partagé), des contradictions et des manques. Si le film, magnifiquement porté par ses acteurs, Maria De Medeiros en tête, est ambitieux et porte des valeurs fortes, il souffre un peu de s’éparpiller dans trop de directions. Reste une sensibilité à fleur de peau, une intelligence dans la peinture de ses personnages qui ne peuvent laisser indifférent.

Shortbus
De John Cameron Mitchell, avec Paul Dawson, PJ DeBoy, Sook-Yin Lee.
Quelque part à New York, il existe peut-être un lieu comme le Shortbus, un mix de salon littéraire et de salle de baise, où toutes les sexualités et tous les désirs pourraient prendre corps… Voilà en tout cas la belle utopie que fait vivre avec un sens enthousiasmant de la liberté John Cameron Mitchell, l’auteur d’Hedwig and the Angry Inch. Avec Shortbus, il organise une fable couillue (à tous les sens du terme) qui ne vire jamais à la provocation gratuite malgré des morceaux de bravoure aussi insensés qu’une autofellation dès les premières secondes du film, une éjaculation sur un tableau abstrait, une séance SM avec une prostituée, sans oublier une multitude de bites bandées, de partouzes mélangeant tous les sexes et de frustrations en voie de dépassement. Car c’est bien toute la force de ce film que de ne pas en rester à une recension de scènes de cul mais de proposer un regard novateur sur la sexualité dans l’Amérique de Bush. Les personnages de ce film libre et intrépide, écartelés entre leurs pulsions, leurs sentiments et leurs problèmes (de couple, d’orgasme, etc.) sont à la fois touchants et attachants. Un vrai bijou queer.

Plus d’infos sur le Festival Face à face : http://www.festivalfaceaface.fr/

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