La Trinité se met en quatre

Musique ancienne et homosexualité : un lien puissant, une mythologie bien réelle. Acte deux, le 26ème festival de musique baroque de Lyon.

Reprenons notre réflexion là ou nous l’avions laissée à l’occasion du festival d’Ambronay et reposons cette question aussi passionnante que délicate : pourquoi donc la musique ancienne attire comme de petites mouches très cultivées tout un tas d’homosexuels ? Passionné ? Cultivé ? L’Homo-Baroqueux est un être complexe voire indéfinissable. Pour entrevoir un début de solution, osons prendre la piste des voix de Haute-Contre. Facile mais efficace : Leur ambiguïté fascine, la confusion des genres s’en mêle – s’emmêle – Il faut juste se souvenir de la voix sensuelle d’Alfred Deller ; de ce timbre mi ange, quasi céleste de James Bowman, il faut encore écouter les applaudissement frénétiques à la fin d’un concert où Jaroussky se produit pour ne rien conclure mais seulement se questionner jusqu’à la prochaine fois. En attendant, rencontre avec Eric Desnoues, directeur 100 000 volts contenus du festival de musique baroque de Lyon. La rencontre a lieu dans son lieu et il faut bien l’avouer, prendre un café, dans la Chapelle de la Trinité avec la sensation d’être quasi seul au monde, est une expérience assez jouissive. Eric Desnoues est un homme à la politesse généreuse, un directeur artistique passionné, un musicien à l’intelligence très affûtée. Le 25e anniversaire du Festival, la saison dernière, lui a redonné une énergie et des envies nouvelles, des idées artistiques avec lesquelles la musique baroque va s’ouvrir à d’autres mondes. Les plus grands baroqueux viennent, encore une fois, donner le vertige à un public fidèle et enthousiaste. Eric Desnoues a des ailes mais, pétri d’esprit jésuite, il confie en toute humilité : «Je ne suis qu’un medium entre le public et les artistes». La chapelle est un de ses atouts majeurs. Ce lieu qu’il a tant voulu, tant désiré, commence à s’installer durablement dans les esprits comme le lieu de référence de la musique baroque à Lyon. On apprendra qu’au 18e siècle, Rameau, Campra ou encore Leclair ont joué là. «L’histoire est têtue, c’est un lieu fait pour cette musique, les artistes s’y sentent bien, la chapelle a des proportions idéales». Pour cette 26e édition, pas de tics de programmation, Eric Desnoues est un instinctif : il préfère donner libre cours au hasard des rencontres. Au menu cette saison, l’incontournable Bach décliné sous toutes ses formes : Brandebourgeois, Messe en si, Magnificat, Oratorio de Noël (cerise sur le gâteau : le ténor Christophe Prégardien). À côté de Bach, il ne faudra pas rater le King’s College Choir de Londres et encore moins cette soirée «De l’Italie au Brésil» pendant laquelle nos oreilles passeront des œuvres de Monteverdi à celles de Piazzola avec bonheur. Ce Festival qui existe depuis 1983, était un rêve de gosse…on rêve aussi.

Du 23 novembre au 20 décembre
www.lachapelle-lyon.org

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