Le point sur les idiots

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Les footeux passent pour les abrutis de référence. Ce cliché est un peu injuste et surtout très facile.

La menace d’un mouvement de grève lors du dernier week-end d’octobre brandi par l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), pour s’opposer à l’octroi aux présidents de clubs d’une majorité absolue au sein du conseil d’administration de la Ligue de football professionnel (LFP), n’a pas manqué de faire sourire : qu’est-ce qu’ils y comprennent ces demeurés assistés pétés de thunes ? Suffisamment de choses, a priori, pour s’être massivement mobilisés et avoir obtenu – provisoirement – gain de cause. Mépriser le footballeur est un exutoire pratique et pas cher : pas de racisme, pas de mépris social. Encore que. Évitons de parler ici de la représentation de joueurs d’origine étrangère clairement supérieure à celle de la société civile dans son ensemble. Ce dédain élude surtout les origines populaires de ce sport. Mais comme les footballeurs sont bien payés, ça ne compte plus. Cette richesse supposée fait office de bouclier pour ceux qui crachent sur Zidane et consorts, alors qu’ils se paluchent par ailleurs sur les théories de reproduction des inégalités sociales et de la violence symbolique exercée par la culture bourgeoise. La propension d’un Ribéry à trouver, en courant, un partenaire lui-même en mouvement au milieu de quatre adversaires relève sans aucun doute d’une forme d’intelligence aiguë, à mi-chemin entre une haute maîtrise de la géométrie de l’espace et la grâce artistique. Les plus tolérants reprochent surtout aux joueurs un manque d’intelligence de la vie par trop d’aseptisation. Le «drame» du footballeur se situerait plutôt ici : il a passé son adolescence en centre de formation (formatage ?). S’il n’a pas trop zoné sur les bancs de l’école, obnubilé par l’infime chance de réussir dans un monde hyper concurrentiel, il n’a pas non plus fumé dans les toilettes du collège ni suffisamment côtoyé la gent féminine à une période, certes ingrate, mais charnière. Schématiquement, il est puceau à 18 ans et papa à 19. Car si ce bon Guy Roux a toujours un auditoire pour l’entendre conter ses filatures en boîte de nuit ou ses confiscations de mobylette, l’épanouissement individuel et le développement de la curiosité ne semblent pas être une priorité. Et si après ça, on vous pose des questions débiles au sortir de 90 minutes de match devant des millions de personnes, pas évident de passer pour une lumière. Footballeur : une vraie vie de con.

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