Novembre 2008

16_editoNovembre2008«En prison, plus les gens sont jeunes, plus ils sont violents, décrit Vincent Stasi. Parce qu’ils ont peur. La nuit, vous entendez les cris de ceux qui se font violer. Personne ne dénonce, par peur des représailles». Vincent Stasi, Libération, le 25 octobre

Ça se passe à côté de chez vous. À la maison d’arrêt de Villefranche, où Vincent a été transféré après avoir été victime de viols collectifs à Saint-Paul à Lyon. À côté mais dans un territoire qui semble régi par d’autres lois, sauvages, une autre dimension où le chaos est toléré sinon encouragé. Chez moi, on appelle cet endroit une poubelle : c’est fermé, ce qui y rentre n’en sort pas, si l’odeur est insupportable, on la déplace. Il se trouve qu’en règle générale, on n’y met rien d’humain. Un commentaire à l’article de Libération précise : «cette histoire l’est d’ailleurs d’autant plus (épouvantable et scandaleuse) que le détenu semble, si l’on en croit l’article, avoir été frappé par une erreur judiciaire». L’auteur de ce post est solidaire et de toute bonne foi, mais non. Quand bien même la victime de ces viols serait un criminel pédophile, il est intolérable qu’une société se satisfasse de tels écarts à la civilisation. Peu de temps après, discussion de comptoir, un garçon que l’on ne peut suspecter de mesquinerie politique, objectivement progressiste, expose avec une honnêteté désarmante ses doutes sur le refus radical de la peine de mort dans nos sociétés. Parce que certains criminels sont des malades et qu’ils ne guériront pas (plane encore ici la menace pédophile qui semble obséder tout le monde), parce que l’on ne sait pas chez nous ce qu’est vraiment la barbarie, parce que cela désengorgerait les prisons. On ne va quand même pas rétablir la peine de mort parce que quelques ministres de l’Intérieur ont décidé qu’il fallait envoyer les voleurs d’oranges récidivistes derrière les barreaux ; ou parce qu’il manque d’établissements psychiatriques sécurisés ; ni parce qu’ailleurs, ils sont vraiment très très méchants. Il y a quelque chose dans l’air de fétide, comme le parfum d’une peste qui n’est pas très loin. L’état de nos prisons et les orientations de nos systèmes judiciaires sont des indicateurs sinistres de l’état de nos démocraties.

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