Manuels scolaires peu friendly

Une étude commandée par la Haute autorité de lutte contre les discriminations montre à quel point les manuels scolaires véhiculent des préjugés sexistes, parfois xénophobes et font l’impasse sur le handicap et l’orientation sexuelle.

L’homosexualité est invisible à 95%. Ce sont les conclusions qu’a tirées la chercheuse en sciences de l’éducation Julia R.Temple en 2004, après avoir examiné les manuels scolaires québécois. La France ne s’en sort pas mieux. Une étude menée par l’Université de Metz pour la Haute Autorité de lutte contre les discriminations (HALDE) révèle un hétérocentrisme marqué. Les couples représentés sont toujours hétérosexuels et organisés selon le modèle de la famille traditionnelle. D’autre part, la puberté est présentée comme la période où se développe «l’attirance pour le sexe opposé». Lorsqu’il est question du Pacs, il est cité comme une alternative au mariage sans mention de l’avancée des droits des homosexuels. Les rares mentions que l’on trouve sont liées au sida et même si elles sont loin de la caricature, elles abordent fatalement l’homosexualité de manière négative. Bref, un enfant pourra traverser toute sa scolarité sans avoir jamais rencontré une représentation de l’homosexualité à laquelle il puisse éventuellement s’identifier. Comme s’il y avait une exclusion tacite de l’hypothèse d’homosexualité. Pourtant la lecture des Bulletins Officiels de l’Éducation Nationale montre que l’institution est bien engagée sur ces questions, notamment dans le cadre de la lutte contre les discriminations. Mais le moins qu’on puisse dire est que les éditeurs de manuels scolaires n’ont pas suivi. Les auteurs de l’étude préconisent des pistes simples comme développer des représentations de personnes homosexuelles «dans un contexte ordinaire» pour dé-stigmatiser ou défolkloriser, par exemple, les rares représentations de la Gay Pride. Ou encore mentionner l’orientation sexuelle de personnalités historiques lorsqu’elles sont évoquées en classe. D’une façon générale : aborder la question sans tabou et affirmer clairement la volonté de lutter contre l’homophobie.

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