«Ce n’est pas une gaffe»

Pour Christian Terras, directeur de la revue catholique Golias, les propos du Pape s’inscrivent dans une stratégie délibérée : restaurer un nouvel ordre mondial, «c’est du catholicisme pur et dur, identitaire». Mardi, dans l’avion qui l’emportait au Cameroun, Benoît XVI scandalisait une bonne partie de la planète catho et de la planète tout court. Selon lui, le préservatif ne suffirait pas à lutter contre le sida et même l’aggraverait. Ces déclarations ont déclenché des réactions indignées des milieux associatifs et politiques, de gauche et de droite. Pour la première fois, les propos d’un Pape suscitent des condamnations officielles de gouvernements. Celui qui fut le cardinal Joseph Ratzinger n’en est pas à son coup d’essai. Quelques jours auparavant, il cautionnait l’excommunication prononcée par un évêque brésilien contre une petite fille de neuf ans, sa mère, et l’équipe médicale qui avait avorté l’enfant, violée par son beau-père. Quelques semaines avant cela, il avait suscité une autre polémique en réintégrant dans l’Église quatre évêques intégristes excommuniés, dont le fameux Williamson, l’évêque révisionniste qui conteste l’existence des chambres à gaz. Il s’était illustré aussi par ses propos sur les rapports consanguins entre l’islam et la violence ou encore sur la suprématie du catholicisme sur les autres branches du christianisme. Bien sûr il reprend à son compte la condamnation de l’homosexualité. C’est à lui qu’on doit le nouveau catéchisme qui propose d’accueillir les personnes à tendance homosexuelles dans l’Église au nom de leurs souffrances et à condition qu’ils s’interdisent les relations sexuelles. Pour elles, l’amour doit être abstrait. Avortement, contraception sous toutes ses formes, rôle mineur de la femme, la doctrine de l’Église est défendue sous sa forme la plus réactionnaire. Mais surtout, Raztinger est un spécialiste de l’argument paradoxal. La montée du fondamentalisme ? Elle est «provoquée par un laïcisme acharné». Les violences homophobes ? Ce sont «les homosexuels (qui) les provoquent en réclamant l’égalité des droits». Plus de la moitié des Catholiques français déclarent se désolidariser de ce Pape.

L’archevêque de Lyon absent

En déplacement à New York, le Cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, n’a souhaité répondre à aucune interview sur cette question, ni par téléphone ni par mail. Malaise ? Il renvoie vers ses positions précédentes qui s’appuient sur le discours moral de l’Église mais «n’excluent pas l’usage possible du préservatif», comme le souligne son entourage. En 2007 il écrivait ainsi : « Écoute ce que Dieu demande à ses enfants : vivre les rapports sexuels comme un don de toute sa personne dans le cadre d’un amour fidèle au sein du mariage. (…) Maintenant, si quelqu’un ne tient aucun compte des commandements de Dieu et change souvent de partenaire, je préfère qu’il n’adopte pas un comportement suicidaire ou criminel. Il vaut mieux ne pas ajouter un mal à un mal, évidemment ! »

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