Éditorial spécial Marche des fiertés LGBT

Souvent, les années se terminant par “9” couvent des révolutions ou bien des évènements détonateurs. Peut-être pour l’homonymie du chiffre avec le neuf de nouveauté, sans doute parce qu’on ne veut pas commencer une nouvelle décade comme on a terminé la précédente. Il y a quarante ans, émus par la disparition précoce de Judy Garland (il faut bien rendre l’histoire un peu glamour), une fois de plus interpellés violemment par des policiers dans un bar où ils ne gênaient personne, des homosexuels se sont mutinés. Les émeutes de Stonewall, à New-York, constituent le point de départ de plusieurs années de lutte pour l’égalité des droits. Qu’est-il permis d’espérer en 2009 ? La Quinzaine des fiertés lyonnaise prend un parti difficile mais courageux : elle embrasse la cause trans. De prime abord, on peut avoir quelques doutes : le combat pour les droits des trans est-il rassembleur ? Qu’a-t-il de commun avec le combat gay et lesbien ? Le discours sur l’identité de genre est-il intelligible pour le grand public ? Une fois ces inquiétudes formulées, on réfléchit : la première gay pride était-elle compréhensible ? L’idée de fierté gay était-elle entendable ? L’est-elle aujourd’hui ? Sans doute la gay pride est-elle une des manifestations les plus passionnantes qui soit puisqu’elle ne se contente pas de brandir des drapeaux et de revendiquer des droits ; elle fait entrer dans l’espace public des mots et des réalités jusque là relégués derrière des vitres teintées. Il y a quelques années, le terme d’homophobie ne signifiait rien pour la plupart des Français. Cette année, la journée mondiale de lutte contre l’homophobie du 17 mai a ouvert les journaux sur France Inter, a été traité en pleine page dans plusieurs quotidiens d’information nationaux et a bénéficié de campagnes de communication publiques dans des villes comme Montpellier. Là-bas, à chaque arrêt de tramway ou de bus, personne ne pouvait ignorer cette phrase enfin énoncée : «l’homophobie tue». Alors oui, cette année, parlons de transidentité, de genre, de transphobie. Parlons de ces hommes et de ces femmes que l’on traite de malades, à qui l’on impose des procédures psychiatriques humiliantes. Parlons aussi des intersexes, qui naissent avec des organes génitaux indéterminés et à qui l’on inflige des opérations chirurgicales et des traitements hormonaux alors même qu’ils ne sont pas mourants. La Gay pride est un événement rassembleur et dont la portée est universelle, car elle parle de tous ceux et de toutes celles qui un jour sont apparus comme infâmes.

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