Une Europe gay friendly ?

À quelques jours du scrutin européen, souvent négligé par les électeurs, le point sur l’implication du Parlement de Strasbourg dans les débats lesbiens, gays, bi et trans.

Lundi 8 juin, 785 nouveaux députés européens entreront au Parlement européen de Bruxelles. Parmi eux 72 Français. Quel enjeu pour les personnes lesbiennes, gays, bi et transsexuelles ? Sur le papier, tout va bien. La charte européenne des droits fondamentaux interdit «toute discrimination fondée sur le sexe (…) ou l’orientation sexuelle» (Cologne, 1999). Sur cette base, des pays sont régulièrement condamnés par la Cour de Justice des Communautés. Régulièrement, mais difficilement. C’est de cette justice qu’Emmanuelle B. et Laurence R. espèrent enfin obtenir le droit d’adopter, après plus de dix ans de procédures et d’obstructions de la part du département du Jura. Car dans la réalité, les choses ne sont pas simples. La France s’est par exemple fait tirer l’oreille pour avoir tardé à accepter de reconnaître le statut de couples homos étrangers unis légalement dans d’autres États. Les droits acquis dans un pays de l’Union s’exportent encore difficilement. Les États-membres n’avancent pas du même pas. La Pologne reste un des pays les plus homophobes d’Europe, interdisant notamment aux LGBT l’accès aux professions d’enseignement. Mais justement, sans les obligations européennes, elle n’aurait pas résisté aux sirènes du clergé polonais et aurait adopté des lois encore plus discriminatoires. L’Europe est un garde-fou ainsi qu’un instrument pour harmoniser les législations vers le haut. La Commission parlementaire «Libertés civiles» veille à la protection des minorités et à la lutte contre les discriminations. À la Commission européenne, c’est le vice-président français Jacques Barrot qui est en charge de ces questions. Selon lui, «protéger les droits fondamentaux et créer un espace européen de liberté, de sécurité et de justice (…) sont deux des objectifs clés de l’intégration européenne dans les années à venir». Il ne suffit pas de le dire. Les choses avancent quand le Parlement est capable de prendre des positions, d’intervenir auprès de la Pologne pour la faire reculer, de réagir à des propos scandaleux du Pape, de faire progresser concrètement les droits. L’ILGA (International Lesbian and Gay Association) a interpellé tous les candidats européens aux prochaines élections. Le moins qu’on puisse dire est que leur niveau d’engagement n’est pas le même. Pour l’instant, l’arc-en-ciel se colore plus facilement en vert, rose, ou rouge…

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