Grenadine

L’artiste lyonnais Noone sort son premier album, Grenadine, sur le label Bee Records, une véritable petite douceur électro bigarrée, un mercurochrome qui chatouillera nos tympans esquintés après le festival Nuits Sonores. En douze titres, Noone nous balade et nous fait partager son univers. Son monde, il le crée lui-même. Fraichement diplômé d’Émile Cohl (une école de dessin), Noone maîtrise parfaitement son esthétique. Il crée ses visuels, de la pochette aux clips, déniche des sons incroyables. Il flatte l’enfance et ses souvenirs avec des ambiances tarabiscotées, de berceuses bancales (4 ans) à des sons stridents comme ceux délivrés par les jeux vidéo (Virgo Cluster). On est alors emportés par une énergie nerveuse et épileptique comme lorsqu’on perd à la fin d’un niveau sans avoir sauvegardé. Mais Noone n’est pas neuneu et Grenadine n’est pas une régression. Son premier album est actuel, parfois futuriste, sur terre et bien perché. Créé aussi pour la scène, il nous transporte illico sur le dancefloor et sur une autre planète avec le morceau d’ouverture, Alien Dance from Saturn, où, durant quatre minutes, on se demande où l’on va et si l’on finira par atterrir. C’est sans transition qu’il alterne les registres et les couleurs jusqu’à atteindre le sommet de l’album avec Just because of a little water, titre bouleversant, transcendé par Nekochan au chant, interprète d’exception, point de suture entre Beth Gibbons (Portishead) et Björk. On n’a jamais bien su de quoi était composé le sirop de grenadine et il est en de même pour l’univers de Noone. Techniquement, c’est du glucose, de l’acide citrique, des fruits rouges : framboise, cassis. De l’acide au sucré, du chimique au naturel. Des artworks haute voltige, de la pop, de l’électronica, du breakbeat et de l’IDM. Intelligent Dance Music, ça ne fait aucun doute.

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