Une clé pour l’égalité

L’Autre Cercle présente le 6 octobre le fruit d’une année de travail interassociatif : Discrimi-Non est une clé USB pédagogique pour lutter contre toutes les discriminations.

Une clé USB contre les discriminations ? Malheureusement, il ne suffit pas de la brancher sur les personnes qui s’apprêtent à discriminer pour qu’elles se mettent soudain à traiter leurs interlocuteurs également. Discrimi-Non est un portail pédagogique sur les discriminations, diffusé sur une clé USB auprès des professionnels de l’éducation. Ce projet a été initié et piloté par l’Autre Cercle Rhône-Alpes, association qui lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle en milieu professionnel. Malgré l’implication de l’Autre Cercle sur le terrain de l’homophobie, Discrimi-Non concerne toutes les discriminations. Dix-huit sont recensées par la loi de 2004 qui institue la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations (HALDE), de l’âge au handicap, du sexe à la situation familiale en passant bien sûr par les origines et l’appartenance religieuse. En évidence dès la page d’accueil, un rappel simple de la définition du mot discrimination : «Action d’isoler et de traiter différemment certains individus ou un groupe entier par rapport aux autres». L’entrée en matière se fait par huit scénarios illustrés qui permettent d’étudier les comportements discriminatoires les plus répandus. Un chapitre plus juridique détaille les situations qui correspondent à des discriminations au sens de la loi, rappellent qu’elles constituent des infractions et sont passibles de sanctions, explique enfin que le droit en la matière n’est pas figé, qu’il évolue avec la jurisprudence et le droit européen. Dans une troisième partie sont recensée les aides et contacts utiles pour faire face à un cas de discrimination. Des ressources sont par ailleurs proposées : exemples d’outils pédagogiques, glossaire, liens… Quatre associations qui ont été particulièrement actives dans leur contribution à la clé sont présentées de façon plus détaillées : l’Autre Cercle, Arcad, l’APGL. Chrysalide, association trans, a largement contribué à la clé alors que la transphobie n’est pas encore reconnue comme motif de discrimination par la loi. La preuve que Discrimi-Non, plus qu’un état des lieux, constitue un outil prospectif et critique sur les discriminations.

 

3 questions à Alain Mougniotte, président de l’Autre Cercle Rhône-Alpes

Comment les clés Discrimi-Non vont-elles être diffusées ?
Dans un premier temps, nous avons commandé 4000 clés qui vont être distribuées par l’intermédiaire de nos partenaires financeurs. Par exemple, le Conseil Général de l’Isère envisage de mettre à disposition une ou deux clés à chacun des 147 collèges du département ainsi qu’aux associations travaillant dans le secteur social et auprès des jeunes. Le conseil régional va également diffuser la clé dans tout le tissu Association jeunesse de Rhône-Alpes, tout comme le Direction Régionale Jeunesse et Sport. Des villes comme Lyon ou Bourgoin-Jallieu ont aussi manifesté leur intérêt pour la clé que nous leur proposerons accompagnée d’actions de sensibilisations. Nous avons aussi mis en place des partenariats privés : Ranstad va rendre accessibles les trois quarts du portail sur son Intranet. Nous sommes aussi en contact avec la MACIF.

Concrètement, qui a réalisé le portail ?
La réalisation de la clé nous a pris un an et a demandé un investissement important de la part des adhérents de l’Autre Cercle et des autres associations. Il s’agit d’un travail essentiellement bénévole : tout le contenu éditorial de la clé est le fait des associations, nous avons ensuite évidemment sous-traité la réalisation technique. Tout au long du processus, nous avons bénéficié de l’expertise de Maryse Puiatti, déléguée de la HALDE en Rhône-Alpes. Avant même que la clé soit livrée, on peut se réjouir de l’aventure humaine extraordinaire que nous avons vécue. À l’Autre Cercle, ce sont vingt personnes qui se sont mobilisées ; l’engagement a été très fort de la part d’associations comme Arcades, Chrysalides, Contact, l’APGL (association des parents gays et lesbiens).

Avez-vous le sentiment d’avoir été soutenus par les pouvoirs publics ? Une fois de plus, les associations ne remplissent-elles pas le rôle qui devrait incomber aux acteurs politiques ?
Sous l’Ancien Régime, c’étaient les curés qui faisaient ce que l’État ne faisait pas. Aujourd’hui c’est vrai, ce sont souvent les associations. Dont des associations gays et lesbiennes. Mais le soutien de la région Rhône-Alpes a été déterminant. L’Agence Nationale pour la Cohésion Sociale et l’égalité des chances (Acsé), la HALDE nous ont aussi apporté un soutien précieux. Et comme je le mentionnais tout à l’heure, des collectivités comme le conseil général de l’Isère et la ville de Lyon se sont aussi impliquées. Je suis donc dans l’ensemble satisfait.

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