Des patins pour la tolérance

Une nouvelle forme de militantisme s’est développée ces derniers mois : le «kiss-in». Derrière cet anglicisme, une revendication simple : pouvoir montrer son affection en public comme tous les autres couples.

Samedi 12 décembre ont eu lieu dans dix-neuf villes de France (mais aussi en Belgique, en Suisse, au Canada, en Australie et jusqu’au Pérou) de drôles de rassemblements, baptisés kiss-in (terme forgé à l’image des sit-in et autres bed-in abondamment employés par les activistes de tous bords depuis les années soixante). Ici, pas de défilés ou de haut-parleurs pour crier son mécontentement, mais des couples par centaines, se roulant des galoches. Précision de taille : tous ces couples sont homos, et entendent ainsi affirmer leur droit à manifester leur amour publiquement à l’instar des couples hétéros. Car si, depuis Brassens, «les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics» ne choquent plus guère la sainte famille machin, il n’en va pas toujours de même pour les couples de même sexe, dont les démonstrations d’affection publiques se heurtent encore souvent à une sorte de curiosité malsaine, voire à des moqueries ou des insultes. Le but recherché est donc de faire évoluer les mentalités… dans les deux sens. Car ce n’est pas seulement les hétéros qu’il faut convaincre du droit qu’ont les homos à s’embrasser publiquement comme eux-mêmes le font ; les couples de même sexe eux aussi doivent s’affranchir de leur peur d’être rejetés et trouver le courage de se comporter dans la rue comme les autres couples : en se tenant par la taille, par la main, en échangeant quelques bisous… Ce qui fonde l’originalité de ce nouveau type d’action, dont les premières apparitions remontent à déjà deux ans et demi, c’est sans doute son mode de communication, qui repose quasi-exclusivement sur Internet, et plus particulièrement sur les blogs et les réseaux sociaux. Facebook a ainsi joué un rôle essentiel dans l’organisation de ces kiss-in. Une caractéristique générationnelle cohérente puisque le mouvement “kiss-in contre l’homophobie“ a été lancé au printemps dernier par de jeunes étudiants parisiens. Ceux-ci promettent aujourd’hui de ne pas en rester là et de réitérer leurs coups d’éclat, vraisemblablement en février ou en mars. Voilà qui annonce sans doute encore beaucoup de «je t’aime pathétiques» déclarés par «des p’tites gueules bien sympathiques».

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