Polissons et Galipettes [deconstructed]

De Cécile Babiole et Renaissance Man (Blaq Out)

Dès le début du XXe siècle, les caméras étaient subtilisées par des techniciens pour filmer leurs ébats coquins. C’était ce que nous montrait le film Polissons et Galipettes de Michel Reilhac sorti en 2002. On y voyait les premiers films pornographiques, muets et naïfs, homos parfois, libertins et même sagement zoophiles. Sept ans plus tard, Polissons et Galipettes est «deconstructed» («déconstruit») par l’artiste multimédia Cécile Babiole et les musiciens du duo Renaissance Man, sous l’oeil du réalisateur initial Michel Reilhac. L’idée principale de cette nouvelle version est d’accentuer le caractère burlesque des images, de mettre en avant la poésie de l’érotisme et de créer une esthétique contemporaine. Cela donne naissance à des scènes de fellations calées sur un rythme techno, à une caresse de sein au ralenti et magnifiée par une musique électronique très délicate. L’image elle-même est parfois retravaillée à travers des effets de distorsion sur les corps, de miroir, de multiplication. Ces techniques hypnotiques plongent le spectateur dans un état étrange et lui font voir une fesse à la place d’un bras, un pubis là où il n’y a qu’une partie sombre… en-dehors de cette recherche esthétique, le reste de cette déconstruction repose beaucoup sur l’humour, déjà très présent lors de la première version. On garde les mêmes scènes, les mêmes images, les mêmes polissons, mais on y ajoute du fun. Ce remix contemporain de Polissons et Galipettes, pas plus que la version de 2002, n’a de visée onaniste. C’est un objet définitivement branché : les images raviront les Vj’s en club. Mais surtout Polissons et Galipettes [deconstructed] a le mérite de penser la pornographie en termes d’amusement et de liberté loin du formatage industriel du XXIe siècle. Et c’est très excitant.

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