RDV avec… Céline

Petit bout de femme, la présentation assurée mais béquille au bras, Céline nous a donné rendez-vous à la terrasse d’un café à l’entrée du funiculaire Saint-Jean. Depuis quatre ans, cette correctrice indépendante de 37 ans fait tourner, avec sa compagne traductrice, la maison d’édition lesbienne lyonnaise Labrys.

Depuis la fermeture d’État d’Esprit à Lyon et de nombreuses autres librairies en France (il en reste deux à Paris), les maisons d’édition spécialisées sont devenues les seuls interlocuteurs des amateurs de littérature LGBT. Alors «ça marche bien, on est contentes. Je ne sais pas expliquer la fermeture des librairies. Mais c’est vrai qu’Internet y est pour beaucoup et peut-être aussi nous, les maisons d’édition, en vendant en direct sans frais de port». Céline a rencontré sa compagne et associée à Paris, grâce au minitel. «C’est vieux, ça fait ringard ! Elle avait inscrit une petite citation littéraire, ça m’a plu. Ça fait 18 ans maintenant». À l’époque, Céline était ambulancière mais c’est déjà par les mots qu’elle s’était laissée séduire. Un accident de voiture au travail, un mois sans marcher, douze de rééducation, Céline a dû tirer un trait sur son métier et repartir de zéro… La voilà donc correctrice. Installée à Lyon pour fuir Paris, les deux littéraires engloutissaient les oeuvres, «surtout des livres qui venaient des États-Unis. Et ça nous plaisait vraiment bien, alors on s’est dit “pourquoi serait-on les seules à en profiter ? On a donc commencé à traduire». Aujourd’hui, Labrys compte dix ouvrages parus dont huit d’auteurs anglophones. «Les livres ne se prennent pas au sérieux. C’est pour se détendre, pour passer un moment sur la plage, ou devant la cheminée. C’est notre critère de sélection». Et parmi la vingtaine de manuscrits français qu’elles reçoivent chaque année, très peu trouvent grâce à leurs yeux. «On est déçues. Il n’y a pas d’auteurs aujourd’hui en France qui nous attirent, à part Kadyan que l’on a éditée deux fois. Nos livres ne sont pas là pour rendre triste et nous faire plier la tête». Des pages de mots, Céline en a lues. Mais le livre qu’elle préfère, un classique de 1948 dans lequel elle se replonge au moins une fois chaque année, c’est Carol de Patricia Highsmith, «le premier livre lesbien qui finissait bien !». Ce livre est un ovni qui a d’abord été publié sous un pseudo. «Personne ne se pend, personne ne se tire une balle, personne ne change subitement pour devenir hétérosexuelle ! Je le conseille vraiment». Autre conseil, idée de cadeau pour les fêtes, la lecture du quatrième tome de la série Honneur, écrit par Radclyffe et à paraître mi-décembre… aux éditions Labrys.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.