Jean Lacornerie reprend “The Tender Land” au Théâtre de la Croix-Rousse

Poursuivant son travail sur la comédie musicale américaine, Jean Lacornerie remonte l’opéra en trois actes d’Aaron Copland, The Tender Land, qu’il avait créé il y a quatre ans au Théâtre de la Renaissance, qu’il dirigeait alors.

 

Composé en 1953, The Tender Land s’appuie sur l’histoire assez simple de Laurie, fille aînée d’une famille de pauvres fermiers et toute jeune diplômée vivant avec sa sœur cadette, sa mère et son grand-père, qui choisit dans les années 30 de suivre deux vagabonds inconnus plutôt que le chemin tracé pour elle par sa famille. Influencé par le livre de Walker Evans et William Agee, Louons maintenant les grands hommes, The Tender Land puise ses racines au cœur de l’art pictural. Non seulement Erik Johns, le compagnon d’Aaron Copland qui signe le livret sous le pseudonyme d’Horace Everett, est peintre, mais les photographies de l’ouvrage d’Evans et d’Agee témoignant de la misère des agriculteurs d’Alabama au lendemain de la crise économique de 1929 ont grandement inspiré Copland pour la composition de la musique. Celle-ci mêle en effet le folklore américain au chant lyrique, rendant ainsi palpable l’opposition entre les vastes territoires de l’Ouest américain et les territoires intérieurs des personnages. On retrouve d’ailleurs cette différence d’échelles dans le travail de Jean Lacornerie, le metteur en scène, faisant appel à la fois aux marionnettes et à la captation vidéo pour illustrer le chemin individuel que se fraye tant bien que mal Laurie au cœur de cette Amérique démesurée et de cette pauvreté abyssale. Dans un décor de lattes noires évoquant les parois de la ferme, sur le plateau barré d’un rideau blanc faisant office d’écran, les chanteurs du Studio de l’Opéra de Lyon évoluent aux côtés de leurs effigies miniatures. Sous l’œil d’une caméra qui scrute avec la même attention leurs visages et ceux, figés, de leur double de 25 cm de haut, ils évoluent autour de la maquette d’un ranch américain, accompagnés par l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Lyon. Le spectacle devient alors une œuvre où la misère et le désœuvrement invitent au départ, à la prise en main de son destin et au refus des dogmes familiaux.

The Tender Land, du 1er au 9 février au Théâtre de la Croix-Rousse, place Joannès Ambre-Lyon 4 / 04.72.07.49.49 / www.croix-rousse.com

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