De très bonnes Vues

Vues d’en Face, le plus ancien des festivals de cinéma LGBT rhônalpins, célèbre du 20 au 27 avril sa neuvième édition, plus variée et plus internationale que jamais.

Ce n’est pas encore les Jeux Olympiques, mais on s’en rapproche : cette année, ce sont pas moins de seize pays qui seront représentés pendant la neuvième édition du Festival international du film gay et lesbien de Grenoble, Vues d’en Face. Depuis sa création en 2001, cet événement cinéphile a toujours misé sur l’ouverture à l’étranger : une assurance, peut-être, pour mieux comprendre et aborder l’homosexualité et les questions de genre dans toute leur diversité, sans se cantonner à leurs représentations familières. En 2010 encore, les programmateurs ont réussi cette gageure de réunir des œuvres venues des cinq continents, qui sont autant de preuves qu’aucune société, aucune culture, n’a le monopole du machisme, du traditionalisme et de l’intolérance religieuse. Diversité dans la provenance des œuvres, donc, mais aussi dans la forme puisque pendant sept jours, longs-métrages, documentaires et courts-métrages s’enchaîneront au cinéma Le Club et dans quelques salles partenaires. Jean Dorel, le président de l’association Vues d’en Face, nous présente l’édition 2010 du festival.

Sur quelles thématiques avez-vous décidé d’axer la programmation de cette neuvième édition du festival Vues d’en Face ?
En cette année de Coupe du monde, et en écho au thème de la Journée mondiale de l’homophobie, nous avons sélectionné deux films parlant de sport. Il s’agit du documentaire passé sur Canal+ en début d’année, Sport et homosexualités, c’est quoi le problème ?, qui est un film aussi intéressant dans son fond que dans sa forme, et du film de Louis Dupont, Les Garçons de la Piscine, qui clôturera le festival et qui suit trois nageurs s’adonnant à un sport majoritairement féminin, la natation synchronisée. Les réalisateurs de ces deux documentaires seront présents pour nous en parler. Pour le reste, la programmation de Vues d’en Face n’est pas véritablement axée sur une thématique : on essaye de choisir des films récents, rarement vus ou pas vus du tout à Grenoble, qui sortent tard, qui sortent peu, qui sont mal édités en DVD mais que l’on juge pourtant intéressants et que l’on a envie de montrer.

Avez-vous un coup de cœur dans cette sélection très riche ?
Oui, une comédie américaine qui s’est révélée une bonne surprise, Hollywood je t’aime, qui est très simple en apparence mais qui brasse beaucoup de thèmes et évacue certains clichés à la vie dure. Cela en fait un film très salvateur.

En début d’année prochaine se tiendra à Lyon la première édition du festival Écrans Mixtes. Pensez-vous qu’il y ait la place pour un troisième festival de cinéma LGBT en Rhône-Alpes ?
A priori non, pas vraiment. Évidemment, plus on peut voir les films, mieux c’est ; mais si c’est pour voir toujours les mêmes films, cela perd clairement de son intérêt. Cela étant dit, lors des Assises du cinéma LGBT de Saint-Étienne (organisées par le festival Face à Face du 26 au 29 novembre dernier, NdlR), on s’est aperçu que tous les festivals faisaient des choix très différents, et c’est évidemment là que réside leur intérêt. Je ne pense pas qu’Écrans Mixtes projettera les mêmes films que nous, je crois qu’il trouvera sa propre formule et alors tout ira bien.

 

Vues d’en Face : sélection

Coup de projecteur sur cinq films qui ont attiré l’attention de la rédaction.

Focus : Eating Out 3
La réalisation de buddy movies, films potaches à la Very Bad Trip, ne serait donc pas seulement l’apanage des hétéros ? La trilogie attachante et drôle d’Eating Out est sans doute la première tentative réussie d’offrir un équivalent homo aux American Pie et autres Supergrave. Dans le premier opus (le plus réussi), Caleb tente de conquérir la belle Gwen. Jusque là, rien que du très classique. Sauf que Gwen est une «fag hag», une fille à pédés. Suivant les conseils de son colocataire gay, Caleb décide donc de se faire passer pour homo… La réussite d’Eating Out tient principalement à ses dialogues acérés et à la drôlerie des personnages qui composent la série. Pour ne rien gâcher, le casting est toujours assuré par de très beaux garçons, comme Ryan Carnes, que l’on peut voir également dans Desperate Housewives. Alors qu’aucune sortie au cinéma ne semble prévue en France pour Eating Out 3, sa projection lors du festival offre l’opportunité de découvrir le dernier volet d’une trilogie devenue incontournable.
Le 24 avril à 16h

Vil Romance
La relation destructrice entre un jeune homme et un quinquagénaire un peu trop possessif dans une société argentine toujours en proie au machisme. Pour amateurs de sensations fortes.
Le 21 avril à 22h

Beyond Gay – The Politics of Pride
Un documentaire canadien sur les Gay Pride à travers le monde, qui propose de faire de celles-ci «une unité de mesure de l’état des libertés individuelles». Instructif, militant et festif.
Le 22 avril à 20h

Fucking different Tel Aviv
Seize cinéastes israéliens gays et lesbiennes livrent, en de courtes séquences, leurs visions respectives de l’homosexualité au sein d’un pays où l’intégrisme religieux est plus vivace que jamais.
Le 25 avril à 16h

Soundless Wind Chime
À Hong-Kong, la romance entre Ricky le Chinois et Pascal le Suisse prend fin brutalement avec la disparition de ce dernier. Son amant décide alors de partir pour la Suisse.
Le 26 avril à 20h

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