Douleur et extase

OLYMPUS DIGITAL CAMERALe 27e Festival de musique baroque de Lyon se termine en beauté avec le Stabat Mater de Pergolèse. Véritable chant du cygne, ce chef-d’œuvre ne cesse de questionner la condition humaine dans ses moindres recoins. Pergolèse l’écrit à vingt-cinq ans et meurt un an plus tard : tout est dit. Il fallait du génie pour manier l’harmonie, le contrepoint et la texture musicale comme personne à cet âge, mais il fallait aussi une grande maturité pour composer une telle œuvre à partir d’un texte théologique et philosophique d’une aussi grande profondeur. Dès les premiers accords, le décor est posé. Marie pleure au pied de la Croix, son fils meurt. Les cordes installent les unes après les autres une lancinante et obsédante douleur. On a reproché au Stabat de Pergolèse d’être trop influencé par l’opéra et de ne pas coller totalement à la musique religieuse de l’époque. C’était en 1740. Depuis, les versions se sont multipliées, le Stabat fascine toujours. Ce duo spirituel où les voix s’emmêlent, s’enlacent, se perdent et se retrouvent s’élabore entre sensualité et religiosité. Constamment, les paradoxes s’exposent. Expression de la douleur humaine, remplie de compassion, l’œuvre ébranle par la puissance de ses intentions, mais frappe aussi par la simplicité des moyens mis en œuvre : deux voix, un petit orchestre à cordes, une écriture qui va jusqu’au dépouillement. Le Stabat de Pergolèse est, tout comme quelques autres «tubes», une œuvre si souvent donnée qu’on peut en perdre son latin. De vastes combinaisons de voix sont possibles : voix d’enfant et contre-ténor, soprano et contralto, chœurs de sopranos et contralto, enfin soprano et hautecontre. Pour ce concert, c’est un jeune duo canadien qui s’y colle. La soprano Suzie Leblanc et le contre-ténor Daniel Taylor ont tous deux des voix souples, élégantes et sensuelles qui vont surprendre et sans doute encore révéler une part inattendue de ce Stabat.

Stabat Mater de Pergolèse (dans le cadre du Festival de musique baroque de Lyon)
Mercredi 26 mai à 20h30
À la Chapelle de la Trinité
29-31 rue de la Bourse-Lyon 2 / 04.78.38.09.09

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