Shoot en déroute

100919_IMGP5658Le débat sur les «salles de shoot» a été relancé cet été par la ministre de la Santé, mais le gouvernement n’y est pas favorable.

C’est l’histoire d’une concertation avortée, enterrée avant même d’avoir été lancée. À l’occasion de la 18e conférence internationale contre le sida, qui s’est tenue du 18 au 23 juillet à Vienne (Autriche), la ministre de la Santé Roselyne Bachelot avait annoncé qu’elle allait réfléchir «avec tous les partenaires concernés et notamment les collectivités locales» à la mise en place expérimentale de «centres d’injection supervisée» de drogues. Il s’agit de lieux où les toxicomanes peuvent apporter et consommer librement leur drogue, sous la surveillance et avec les conseils de personnel soignant. L’intérêt premier de ces “salles de shoot”, aujourd’hui implantées dans quarante-cinq grandes villes de huit pays, est d’améliorer les conditions d’hygiène – souvent déplorables – de la prise de drogue, et donc de diminuer les risques sanitaires, notamment celui de transmission du VIH et des hépatites. C’est du moins l’avis des partisans de ces centres, qui s’appuient sur les données scientifiques et les rapports d’évaluation publiés dans les pays où ils existent. L’annonce de Roselyne Bachelot, motivée par un rapport favorable remis quelques jours plus tôt par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) exauçait en outre une requête portée depuis des années par les associations de lutte contre le sida et les hépatites. Mais l’avancée gouvernementale aura été de courte durée : le 11 août, le Premier ministre François Fillon a désavoué sa ministre en estimant que la mise en place de ces centres n’était «ni utile, ni souhaitable» et que «la priorité du gouvernement est de réduire la consommation des drogues en France, non de l’accompagner, voire de l’organiser». Une fin de non-recevoir que déplorent AIDES et Act Up-Paris, mais aussi l’Association nationale des intervenants en toxicomanie et addictologie (Anitea) ou encore le Prix Nobel de médecine 2008 Françoise Barré-Sinoussi, qui avait participé en 1983 à la découverte du VIH. À Lyon, Najat Vallaud-Belkacem, adjointe au maire Gérard Collomb, en charge des grands événements, de la jeunesse et de la vie associative, s’est récemment prononcé en faveur de ces centres, mais pour l’instant aucune expérimentation n’est envisagée par la Ville.

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