Swanlights

101101_SC215rev2150D’Antony and the Johnsons (Secretly Canadian)

Des arrangements délicats menés du bout des doigts, beaucoup de silence, des sons comme en suspens et «everything is new» répété inlassablement : c’est ainsi que débute Swanlights, le nouvel album d’Antony and the Johnsons. «Everything is new» : Antony nous fait comprendre que si tout semble se répéter, ce n’est qu’une question de point de vue. En réalité, chaque moment est unique. Cette méditation semble une parfaite grille de lecture pour décoder ce quatrième opus. Car après cette litanie déstabilisante, Antony se lance et le titre d’ouverture part crescendo pour atteindre les sonorités auxquelles le chanteur nous a habitués depuis I’m a bird now, prestigieux album de 2005. Mais Swanlights est-il pour autant une répétition de ses précédentes productions ? Certainement pas, car ce quatrième album explore une palette émotionnelle plus nuancée, même si chaque chanson est une nouvelle plainte intense et grave : Ghost est un véritable morceau épique, Thank you for your love (le sommet de l’album !) une ballade soul, I’m in love est rayonnant, The Spirit was gone d’une fragilité poignante. Antony fait aussi appel à Björk pour un vrai choc des titans sur Flétta, un morceau simple, mais emmené par deux grandes voix qui prennent appui l’une sur l’autre et se contrôlent mutuellement. Surtout, Flétta redore ici le blason du genre “duo“ qui n’est pas ici qu’un “je chante avec mon copain“. Et puis, au milieu de l’album, apparait Violetta, un court titre de quelques secondes par lequel Antony nous invite à faire une pause avant de s’attaquer au complexe Swanlights. Le titre frôle le genre drone avec un tempo lent et une basse électronique sans variations harmoniques. Pendant plus de six minutes, on entend un morceau magnétique et, comme souvent, mystique. On assiste à une bataille magistrale entre des sons bourdonnants, des notes de piano et une voix incantatrice, jusqu’à ce qu’Antony pose son chant et remporte la victoire, en sortant le titre des abîmes pour l’élever vers la grâce.

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