Les gays de la Marine

101226_3actusimcopyrightwww.frontnational.comDans son discours prononcé à Lyon le 10 décembre dernier, Marine Le Pen a lancé un appel du pied plutôt surprenant aux électeurs homosexuels.

Lors de sa venue en Rhône-Alpes le mois dernier, Marine Le Pen a surtout retenu l’attention des media pour sa “petite phrase“ établissant un parallèle entre l’Occupation allemande et l’occupation de certaines rues du XVIIIe arrondissement de Paris par des musulmans pratiquant la prière sur la voie publique. Mais elle s’est également indignée de la difficulté éprouvée par certains habitants de banlieue à vivre leur homosexualité : «j’entends de plus en plus de témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni Juif, ni même Français ou blanc», a-t-elle ainsi déclaré. Ce constat n’est pas nouveau, ni propre à Marine Le Pen : à l’automne 2009, cette question avait déjà fait la “une“ de l’actualité grâce à la publication de deux ouvrages décrivant le calvaire des homos dans les cités (Homo-ghetto de Franck Chaumont et Un homo dans la cité de Brahim Naït-Balk). Sur le terrain, une association proche du Parti Socialiste comme Ni Putes Ni Soumises dénonce elle aussi une situation devenue invivable pour tous ceux qui ne rentrent pas dans les codes d’une sexualité machiste. Mais dans la bouche d’une haute dirigeante du Front National (FN), cette défense des homosexuels est plus inattendue. Car jusqu’à présent, on peut difficilement reprocher au parti fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972 d’avoir cherché à “draguer“ cette partie de l’électorat : opposition au PACS, au droit au mariage et à l’adoption par les couples homosexuels, à toute forme de sensibilisation à l’homophobie dans les écoles… formaient ou forment encore le cœur du programme du FN sur la question. Peut-être Marine Le Pen a-t-elle ainsi voulu se distinguer de Bruno Gollnisch, son principal adversaire dans la compétition interne qui désignera, lors d’un congrès qui se tiendra à Tours les 15 et 16 janvier, le nouveau président du parti. À moins que cette déclaration n’augure d’une stratégie politique plus poussée visant à s’attirer les faveurs des électeurs homosexuels, stratégie déjà mise en œuvre par l’extrême-droite dans d’autres pays européens avec, semble-t-il, un certain succès : aux Pays-Bas, selon un sondage réalisé en ligne par le magazine Gaykrant, le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders (connu pour ses diatribes antimusulmanes) est déjà le parti le plus populaire parmi les homos.

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