Vues d’en Face, 10e !

Le printemps 2011 s’annonce décidément cinéphile en Rhône-Alpes. Alors que s’ouvrira en mars à Lyon le festival de patrimoine Écrans Mixtes, Grenoble accueillera un mois plus tard la dixième édition de Vues d’en Face.

Du 12 au 19 avril, le premier festival de cinéma gay et lesbien apparu dans la région, Vues d’en Face, fêtera ses dix ans. Pour célébrer cet anniversaire, l’association du même nom, organisatrice de l’événement, propose aux amoureux du septième art de se retrouver tous les 10 de chaque mois jusqu’à l’ouverture du festival. Conçues en partenariat avec la Cinémathèque de Grenoble, ces soirées seront l’occasion de voir ou revoir des films plus anciens que ceux habituellement projetés lors du festival et qui tous abordent, en creux ou plus ouvertement, les thèmes de l’homosexualité ou de la transidentité. Après Les Diaboliques (1955) d’Henri-Georges Clouzot et son couple d’amantes meurtrières, projeté le 10 janvier, c’est Un Après-midi de chien (1975) de Sydney Lumet qui sera proposé aux spectateurs le 10 février, avant le documentaire L’Aspect rose de la chose (1980) de Ti Yan Wong le 10 mars.

Des gangsters et des militants

À première vue, Un Après-midi de chien (Dog Day Afternoon en version originale) ressemble à un bon vieux film de gangsters bien virils, centré sur un duo d’apprentis braqueurs poissards et sévèrement burnés (Al Pacino et John Cazale, amis à la ville comme à l’écran) avec qui on s’imagine mal prendre le thé ou discuter de la théorie du genre chez Judith Butler. Mais halte aux préjugés hétérophobes : si Sonny Wortzik (Pacino) se lance avec son comparse à l’assaut d’une banque, c’est, entre autres, pour pouvoir payer à sa “femme” transsexuelle Leon une opération de changement de sexe… Beaucoup moins connu que le chef-d’œuvre de Lumet, L’Aspect rose de la chose est une curiosité qui n’en vaut pas moins le détour, d’autant plus qu’elle sera projetée en présence de son réalisateur. Tourné à Grenoble deux ans avant la dépénalisation complète de l’homosexualité, ce bref documentaire d’une heure à peine brosse le portrait de militants du Groupe de Libération Homosexuelle local. On y parle beaucoup de politique, mais aussi de la communauté, du piège du ghetto ou de l’homosexualité au sein de ce qu’on appelait encore “la classe ouvrière“. Plus qu’un album de souvenirs qu’on feuillette avec nostalgie, c’est surtout l’occasion de rappeler ce que les gays et les lesbiennes d’aujourd’hui doivent à ces hommes et à ces femmes qui se sont battus pour leurs droits en des temps difficiles.

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