7 Ways Geumhyung Jeong

“7 Ways” de Geumhyung Jeong explore nos rapports aux objets

Dans son solo 7 Ways, la chorégraphe et danseuse sud-coréenne Geumhyung Jeong trouble notre perception d’ustensiles du quotidien.

Une fois n’est pas coutume, le TNP de Villeurbanne accueille deux spectacles coréens au mois de mars. Si Pansori Brecht Sacheon-Ga de et avec Lee Jaram revisite La Bonne Âme du Se-Tchouan de Bertolt Brecht selon les préceptes ancestraux du pansori (récit chanté traditionnel coréen), le spectacle 7 Ways de la danseuse et chorégraphe Geumhyung Jeong nous permet d’accéder à l’une des facettes de l’avant-garde artistique en Corée du Sud. Composé d’une succession de tableaux, ce spectacle atypique créé en 2009 au festival BOM de Séoul met en perspective le corps de Geumhyung Jeong avec des objets du quotidien, sciemment détournés de leur usage habituel. Entre danse et marionnettes, l’artiste coréenne interroge les us et coutumes de nos sociétés matérialistes en réinventant notre rapport à l’objet. Un aspirateur, un mannequin ou un voilier miniature deviennent les vecteurs de désirs et de fantasmes réanimés, revitalisés.

Le corps devient océan

Le corps de Geumhyung Jeong, modelé par les exigences de l’art chorégraphique, devient un territoire inconnu à ré-apprivoiser. Drapé de noir, naît sous nos yeux le buste d’un être imaginaire qui brouille, à force de contorsions, notre perception des contours et du sens. Enroulé dans une étoffe d’un bleu profond, le corps de l’artiste se transforme en un véritable océan à lui tout seul, en une mer intime et sensuelle faite de flux et de reflux où chaque soubresaut, où chaque inspiration crée une onde de choc qui se répercute de la tête aux pieds.

À l’image de la dextérité dont fait preuve Geumhyung Jeong pour dompter son corps, 7 Ways est un spectacle exigeant et rare qui, en réinventant notre rapport aux objets, tente également de redéfinir notre rapport à notre propre corps, aux autres et au-delà, au monde. En troublant notre perception d’ustensiles du quotidien, la Sud-Coréenne ouvre d’infinies possibilités à la réappropriation de notre corps comme territoire du désir. Il n’est pas certain que l’on souhaite en sortir indemne.

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