Édito de mai

110522_2192671015016716504040418219806040370768814065461oL’homosexualité est un facteur de risque pour le VIH“.
Norra Berra, le 30 mars 2011, devant le Sénat.

À l’évidence, la secrétaire d’État à la Santé a perdu là une excellente occasion de se taire. Les termes qu’elle a employés à l’occasion d’une discussion parlementaire sur le don d’organes étaient pour le moins maladroits, puisque ce n’est bien sûr pas l’orientation sexuelle qui expose davantage au VIH, mais les pratiques à risques, que l’on soit homo, bi ou hétéro. Méritaient-ils pour autant une telle levée de boucliers, des accusations de haine et d’homophobie et même un appel à la démission ? Si la formulation est malheureuse, il n’en reste pas moins utile de rappeler qu’en 2008, les “hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes“ (les “HSH“, selon le jargon épidémiologique) représentaient pas loin de la moitié (48% exactement) des nouvelles contaminations par le VIH. Non pas évidemment pour stigmatiser quiconque, mais pour adapter les politiques de prévention aux personnes les plus concernées, ce que le chiffon rouge du “communautarisme“ rend hélas souvent bien compliqué. La polémique paraît d’autant plus dérisoire que ce ne sont pas les raisons de chercher des poux dans la tête de Nora Berra qui manquent. Plutôt que de s’attarder sur une simple maladresse verbale, on aurait pu rappeler (comme l’ont fait certains, notamment Act Up-Paris) que la secrétaire d’État appartient à un gouvernement qui a refusé l’été dernier l’expérimentation des “salles de shoot“, qui vient de freiner l’accès aux soins des étrangers par sa réforme de l’Aide Médicale d’État (AME), qui expulse des étrangers gravement malades lorsqu’il estime que ceux-ci peuvent bénéficier d’un traitement «disponible» (sic) dans leur pays d’origine, qui délègue ses fonctions de prévention à des associations dont il diminue les subventions et qui envisage de pénaliser les clients des prostituées, au risque d’exposer un peu plus ces dernières à la clandestinité et à des relations non-voulues et non-protégées. Autant de décisions politiques qui auront chacune des répercussions bien plus graves sur la lutte contre le sida qu’une simple déclaration proférée devant une poignée de sénateurs assoupis.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.