Jean-Jack Queyranne : «il est légitime que la Région intervienne»

Jean-Jack Queyranne est député (socialiste) du Rhône et président depuis 2004 du conseil régional de Rhône-Alpes.

ChristelleViviantInterpellée par les associations lors de la campagne des dernières élections régionales, Françoise Grossetête, tête de liste UMP, avait estimé que les problématiques LGBT n’étaient pas du ressort des régions. Que lui répondez-vous ?

Jean-Jack Queyranne : La région joue un rôle important en matière d’éducation, de formation, d’aménagement du territoire, etc. et elle ne peut donc méconnaître les situations très diverses que vivent les Rhônalpins. À ce titre, il est légitime qu’elle intervienne. Sous la précédente mandature (2004-2010), nous avons adopté une Charte contre les discriminations et nous venons de créer une commission extrarégionale (c’est-à-dire ouverte aux associations et à la société civile) pour poursuivre ce combat. Jusqu’en 2004, l’action de la région en faveur de la lutte contre l’homophobie était quasiment nulle. Entre 2004 et 2010, près de 100 000€ de subventions ont été accordés pour financer des actions proposées par des associations homosexuelles [sur environ trois millions d’euros attribués chaque année aux associations, NdlR]. C’est donc un engagement fort de notre part.

Par ailleurs, la région prend également ses responsabilités en ce qui concerne la prévention santé, par exemple en apportant un soutien important à des structures comme les associations AIDES, Éducation Santé Isère, Savoie VIH Hépatites (SAVIHEP)… Enfin, pour ce qui est de l’accueil des jeunes expulsés de chez eux en raison de leur homosexualité, la région ne construit pas de logements, mais vient en aide aux structures qui prennent en charge ce problème, en fonction des demandes qui lui sont soumises.

En matière de coopération décentralisée, que peut la région pour lutter contre l’homophobie ou le sida à l’étranger ?

Jean-Jack Queyranne : Pour ce qui est de la lutte contre l’homophobie à l’étranger, la région ne mène pas d’action à ma connaissance car la coopération décentralisée dépend en grande partie des propositions faites par nos partenaires (régions, provinces ou États) et nous n’en avons pas reçu allant dans ce sens. En revanche, dans le domaine de la lutte contre le sida, nous menons des actions de coopération dans trois pays du sud-Sahel : avec les régions de Saint-Louis et de Matam au Sénégal, avec la région de Tombouctou au Mali et avec la région des Hauts-Bassins au Burkina Faso.

Où en est la réalisation de votre promesse de mettre en place une «hotline» à destination des jeunes, quelque soit leur orientation sexuelle, qui se poseraient des questions sur leur santé, leur avenir, etc. ?

Jean-Jack Queyranne : Nous devons adopter, lors de notre prochaine session le 26 mai, un projet qui comprendra à la fois un «pass contraception» (prévoyant une visite médicale gratuite, des informations sur le dépistage ainsi que l’accès à des contraceptifs et notamment à des préservatifs) et un dispositif d’information interactif sur Internet. Sarah Boukaala [Parti Radical de Gauche, NdlR], la conseillère régionale déléguée à la jeunesse, en charge de ce dossier, a travaillé en concertation avec les associations, que ce soit le Planning Familial ou les associations gays et lesbiennes.

La région soutiendra-t-elle les campagnes de prévention organisées par les associations gays et lesbiennes à l’occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie, le 17 mai ?

Jean-Jack Queyranne : Oui, bien sûr, nous serons présents cette année encore. Je pense notamment aux événements culturels organisés dans ce cadre, qui doivent évidemment être soutenus.

Vous avez pris position en faveur de l’ouverture du mariage et de l’adoption pour les couples homosexuels, mais on vous entend peu à l’intérieur de votre parti. Pensez-vous que le Parti Socialiste (PS) a évolué sur ces questions ?

Jean-Jack Queyranne : Le projet du PS pour 2012, qui doit être voté fin juin, prévoit l’ouverture du mariage et de l’adoption à tous les couples qui présentent un projet familial cohérent, qu’ils soient hétéro- ou homosexuels. Donc oui, il y a eu une évolution.

 

Photo © Christelle Viviant

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