Amours d’été

110617_10grosplancultureimKateBushHétéroclite vous propose, pour les vacances, sa suggestion d’albums qui feront office d’écran total face aux tubes de l’été : cinq disques pour apaiser les coups de soleil, les coups d’amour et les coups de «je t’aime»…

Nul doute que les plus romantiques passeront leur été à écouter le nouveau Kate Bush. Après un silence radio de six ans, la chanteuse de Babooshka revient avec Director’s Cut, qui reprend les chansons de deux de ses plus grands albums : The Sensual World et The Red Shoes. Elle livre ce faisant un beau travail de production, au service de la voix et qui, en ôtant habilement certains sons un peu vieillis, actualise les morceaux et les rend ainsi plus intemporels. Mais si Kate Bush fait preuve de beaucoup de sensibilité pour moderniser ses propres titres, elle n’évite malheureusement pas certains pièges de la production d’aujourd’hui, notamment celui de l’effroyable autotune (sur le titre Deeper Understanding). Qu’on se rassure, le romantisme et le lyrisme (décalés) de Kate Bush sont bien là : l’essentiel est sauf.
Tube pour un premier baiser : And So Is Love.
Kate Bush, Director’s Cut (EMI)

Les orphelins de The Knife ont trouvé en Austra une nouvelle mère adoptive. Leur album Feel It Break, sorti en mai dernier, rafraichira l’été à merveille : le pedigree de la chanteuse Katie Stelmanis (Canadienne d’origine lettonne) n’est sans doute pas pour rien dans la froideur des sons. L’ambiance de ce premier disque n’est donc pas très caliente, mais ses morceaux proposent un mélange d’electronica et de synthpop, agrémenté sur certains refrains d’un chant d’opéra haut perché. La maitrise de la voix est ici totale et les rythmes emportent Feel It Break vers les étoiles. Contrairement à leurs collègues de The Knife, les musiciens d’Austra délaissent l’expérimentation au profit de l’efficacité : le beat est fortement mis en avant et Feel It Break, aussi céleste soit-il, se vit avant tout sur le dancefloor.
Tube de rupture avec son amour de vacances : Lose It
Austra, Feel It Break (Domino)

Finies les sempiternelle musiques de l’été aux rythmes zouks ou latino. En 2011, c’est la Scandinavie qui fera fureur, grâce tout d’abord au duo danois The Raveonettes qui depuis quatre albums brouille les sons, broie du noir et vénère le rock britannique des Jesus and Mary Chain, passé au filtre 60’s de Phil Spector. Si quelques touches de clavier ou quelques incursions dans la cold-wave laissent parfois entrevoir un mince filet d’espoir dans leurs compositions, le disque Raven In The Grave, de loin le plus austère du combo nordique, esthétise plus que jamais nos côtés sombres. Mais la tourmente des guitares et des sons, contrastée par la voix pop de Sharin Foo, révèle un travail d’arrangement précis et nuancé qui sort heureusement les Raveonettes du cliché de binôme gothique et mal dans sa peau.
Tube pour le dernier jour (pluvieux) des vacances : War in Heaven.
The Raveonettes, Raven In The Grave (Vice Records)

Après le Danemark, direction maintenant la Suède avec le crooner Jay Jay Johanson, qui évolue au fil de ses productions entre trip-hop, électro, jazz et pop. On ne sait donc jamais ce que nous réserve un nouvel album du dandy androgyne. Spellbound surprend tout d’abord par son dépouillement. La sensibilité, toujours au cœur de la musique du beau gosse ombrageux, est cette fois-ci mise à nue : l’album est sans artifice, sans arrangements grandiloquents mais pourvu d’harmonies subtiles et délicates. On y retrouve tout ce qui caractérise Jay Jay Johanson, disséminé par fines touches dans ses compositions : un peu d’électro, une légère tendance au jazz, du down tempo et bien sûr l’ombre de Chet Baker, qui ne le quitte jamais. Les fans se délecteront de titres comme Suicide is Painless mais seront déroutés par la simplicité tout au piano de The Girl I Love Is Gone.
Tube pour contempler la plage et ses joggeurs de fin d’après-midi : An Eternity
Jay Jay Johanson, Spellbound (Universal)

Tous aux abris ! La truculente punkette blonde platine Debbie Harry est de retour : Blondie sort son neuvième album, Panic Of Girls. Le temps et les excès sont passés par là, la voix a pris quelques octaves mais le dynamisme (sur disque en tout cas) est indemne ! Des tubes, ce n’est pas ce qui manque, il n’y a même que ça. Panic Of Girls s’inscrit dans une certaine superficialité assumée, avec un petit goût de revanche qui dirait : «oui, j’ai pris vingt kilos et trente ans, j’ai la voix d’un vieux camionneur et pourtant, je vais vous faire danser comme sur Call Me, Atomic et Heart of Glass réunis». Pari réussi, car c’est bien dans ce créneau-là que Blondie est le plus pertinent.
Tube pour avoir l’impression de danser sur Atomic comme durant l’été 1980 : What I Heard.
Blondie, Panic Of Girls (EMI)

Le documentaire Atomic Blondie consacré à Debbie Harry est disponible jusqu’au 27 avril 2020 sur le site d’Arte.

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