Maximonstres

111031_imagespectacle03Reprise au Centre Théo Argence d’un spectacle hybride et décalé, Des Monstres d’infinie solitude, dans lequel ceux-ci sont autant des anges que des ogres.

« Petit, je dansais. Il était impossible pour ma mère que je danse, alors elle m’a fait faire du judo. Aujourd’hui, lorsque je danse sur scène, c’est un peu l’enfant en moi qui a le dernier mot. » Lionel Damei, auteur compositeur et surtout interprète n ‘économise pas ses mouvement, ni sur les plateaux, ni lorsqu’il s’adresse à vous. Gestes et paroles en flot, mais parfaitement endigués, dirigés ; il admet ne pas exceller dans la mesure. Un corps imposant, un regard perçant et un tempérament fonceur peuvent intimider au premier abord. Comme un ogre jamais rassasié, ni dans son désir ni dans sa générosité. Comme un monstre, affirmant ses traits différents. Les monstres d’infinie solitude qui donnent son titre au spectacle, ce sont ces êtres abîmés, à côté, quelques fois mélancoliques, d’autres fois rageurs, en quête de consolation. Des personnages qui se succèdent dans un récital en forme de cabinet de curiosités. Il y a cet homme qui veut « être la maîtresse d’un bon père de famille » (Père de famille), le Caravage qui « peint toutes sortes de viandes » (Caravaggio) et des divas d’Istanbul parmi de nombreuses autres créatures de la marge. Tantôt lyrique, tantôt punk, Lionel Damei s’est entouré de la chorégraphe et interprète Sylvie Guillermin et du danseur Smain Boucetta. Le charme opère entre ces corps silencieux et le chaman-chanteur à la voix profonde et délicate, tous trois cernés par une équipe de superbes musiciens. Des monstres d’infinie solitude a été créé il y a deux ans et a déjà tourné dans de nombreuses salles de la région, où des publics très divers ont accueilli les confidences homosexuelles et les histoires toujours en clair-obscur du grand sensible. Un homme sensible et polymorphe qui part dans tous les sens et autour de qui tout se croise : les disciplines, les sexes, les expériences. L’une d’entre elles, nous confie-t-il, le hante toujours : celle des années sida, qu’il raconte dans son spectacle L’Homme traversé, créé en 1998 avec Sylvie Guillermin et les musiciens du Louvre. Un spectacle qu’il aimerait reprendre, maintenant que l’hécatombe a cessé, même si bien sûr, le drame est loin d’être terminé. En attendant, Lionel Damei et sa troupe continuent de donner voix et corps à ces êtres fragiles, élancés, en qui chacun devrait se retrouver.

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