“Et à la fin… se touchent les tours”, à voir au Carré 30

Avant de quitter la direction du théâtre Le Carré 30, Jacques-Yves Henry a voulu proposer aux spectateurs une rétrospective de son travail. C’est ainsi qu’il reprend sa pièce créée en 2011, Et à la fin… se touchent les tours, avec une nouvelle distribution.

et à la fin... se touchent les tours carre 30 lyon heteroclite swen gippa jacques-yves henryBien qu’ils travaillent tous deux dans le même bâtiment, Steve et Antonio, les deux héros de Et à la fin… se touchent les tours, n’appartiennent pas au même monde. Le premier est un trader homosexuel arrogant qui tente de combler sa misère affective et sexuelle à l’aide d’alcools forts, de lignes de coke et d’amants d’un soir. Le second est un homme de ménage marié et latino qui aurait pu devenir un sportif de haut niveau si son genou ne l’avait pas trahi. Tous deux ont fréquenté autrefois le même lycée, où Steve a aimé et désiré secrètement Antonio. À l’aube de la journée fatidique du 11 septembre 2001, ils se retrouvent dans le bureau de Steve, dans l’une des deux tours jumelles du World Trade Center de New York…

Deux personnages complexes et ambigus

Pour donner vie à son propre texte, Et à la fin… se touchent les tours, le metteur en scène Jacques-Yves Henry a placé tous ses espoirs dans deux jeunes acteurs prometteurs, le Français Romain Gorce (Antonio) et le Suisse Swen Gippa (Steve, photo ci-contre). Ce n’est pas la première fois que ce dernier interprète une pièce du directeur du théâtre Le Carré 30 : la saison dernière, il était seul en scène pour jouer Noir Rouge Or, ou l’histoire de l’Allemagne au XXème siècle vue à travers trois générations (le grand-père nazi, le fils communiste et le petit-fils… trader, déjà). Son personnage dans Et à la fin… se touchent les tours, il le voit avant tout comme «un homme aigri qui cherche à s’éloigner de la réalité. Il regrette le système dont il fait partie, mais n’a aucune intention de le changer».

Antonio n’est pas moins dénué d’ambiguïté : lui, l’hétéro marié, reconnaît sans la moindre gêne qu’il savait que Steve l’observait lorsqu’il se douchait dans les vestiaires du lycée et qu’il en tirait même un certain plaisir. Aux yeux de Romain Gorce, «il y a chez lui deux côtés qui s’opposent : d’une part il est très ancré dans la réalité, de l’autre il est également capable d’imaginer, presque de fantasmer, ce qui aurait pu se passer entre eux lorsqu’ils étaient jeunes si…». Séparés dans la vie, mais unis dans la mort, ces deux-là forment le temps d’un matin un duo éphémère qui questionne notre capacité à surmonter nos différences sociales ou sexuelles.

 

Et à la fin… se touchent les tours, les 12, 13, 19 et 20 juin au Carré 30, 30 rue Pizay-Lyon 1 / 04.78.39.74.61 / www.http://theatrecarre30.wixsite.com/site

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