“Crevette” est le mot de mars dans le Dicogay

Tous les mois, Hétéroclite se propose d’éclaircir un mot du jargon homosexuel et des minorités de genre : en mars, place à la “crevette”.

Crevette : n.f : Sobriquet couramment utilisé pour désigner les garçons filiformes, pour ne pas dire maigres. Objets de mépris pour certains, de fantasme pour d’autres.
La crevette est l’une des nombreuses figures de la ménagerie homosexuelle. À côté des ours et des dindes (il arrive que l’on rencontre des hybrides), elle passe souvent inaperçue du fait de son petit gabarit. Certaines compensent en parlant très fort ou en émettant des cris stridents, d’autres en profitent pour observer discrètement les parades et marquages de territoire qui se jouent autour des comptoirs. Les crevettes ont leurs amateurs ; il s’agit de ces hommes qui aiment pouvoir jouer avec les petits corps tout frêles de leurs partenaires, nourrissant ainsi un sentiment de puissance protectrice. Ce fétichisme est en général plutôt bienveillant. La crevette est plus souvent proie que prédateur, à moins de croiser quelque plancton isolé de son banc. Globalement, l’espèce est en voie de disparition, les temps étant plus favorables à l’impétuosité des caricatures herculéennes qu’à l’élégance fine des passe-partout. Gageons cependant que les crevettes continueront à se frayer un chemin dans ce cirque, au gré des courants et malgré les modes. Leurs qualités d’observation distanciée autant que de récit critique des tourments et réjouissances du milieu gay en font des chaînons indispensables de cet écosystème souvent déroutant.

Poster un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.