“Terre et cendres”, l’opéra pacifiste de Jérôme Combier

Sur un livret d’Atiq Rahimi, l’opéra Terre et cendres de Jérôme Combier est une œuvre d’une rare délicatesse qui dénonce avec subtilité l’absurdité de la guerre.

Dans le cadre de la Biennale Musiques en scène, l’Opéra de Lyon a passé commande à Jérôme Combier, qui livre avec Terre et cendres un objet musical hybride, entre théâtre et opéra. En Afghanistan, pendant la guerre contre l’Union soviétique, un vieil homme doit annoncer à son fils que tous les habitants de leur village sont morts sous un bombardement.
Terre et Cendres

Ça, c’est pour le sujet. Pour le reste, ce premier opéra d’un jeune compositeur quarantenaire ressemble à un petit bijou jeté, comme un pont fragile, entre deux rives. C’est toute une réflexion poétique sur la dignité humaine, sur la guerre et son absurdité, qui se déploie-là. Après le cinéma en 2004, Atiq Rahimi adapte son roman Terre et cendres (2000) pour l’opéra et rend son propos universel. La distribution est efficace : deux comédiens qui tiennent avec un enfant chanteur les trois rôles principaux, un petit chœur de six chanteurs – trois femmes, trois hommes – qui interviennent et évoluent à la manière d’un chœur antique, comme une véritable entité qui traverse le drame, et un petit orchestre où la percussion tient une place prépondérante – des cloches à vaches, des gongs, un zarb…

Humilité du compositeur

Lorsqu’on demande au compositeur si l’écriture d’un premier opéra rend profondément heureux et fier, la réponse se fait attendre, le silence est long. «Je prends les choses au fur et à mesure qu’elles viennent, je n’ai pas comme image l’ascension sociale du compositeur». Lui a imaginé une œuvre à mi-chemin ; un mi-chemin se décline un peu comme une obsession, un leitmotiv inconscient. En toute humilité, pour aborder ce drame, Jérôme Combier se place dans la position du chœur, avec un regard au loin, parce que «je ne comprends pas tout de cette guerre-là, elle ne fait pas partie de ma chair, je ne peux la décrire que de façon intellectuelle». Ce qui en sort, ce subtil mélange entre musiques persane et occidentale, est bouleversant. Le metteur en scène japonais Yoshi Oida y met sa touche, Philippe Forget à la baguette devra magnifier le tout.

 

Photos © Jean-Pierre Maurin

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