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Benoît Courtin : «au MoDem, il n’y a pas de conservateurs»

Dans le cadre des Rencontres de la présidentielle organisées conjointement par le Domaine Bar, la Lesbian & Gay Pride de Lyon et Hétéroclite, Benoît Courtin, président des Jeunes Démocrates du Rhône, présentait le 20 mars 2012 les propositions de François Bayrou (MoDem) en faveur des droits LGBT.

François Bayrou souhaite créer un «ministère de l’Égalité» dans de but de faire reculer les discriminations. Cela inclut-il les discriminations envers les personnes LGBT ?

Benoît Courtin : Oui, bien sûr. Actuellement, par exemple, la transphobie et la sérophobie n’existent pas dans le droit français. Le ministère de l’Égalité permettrait de remédier à cela. La lutte contre la transphobie, mais aussi contre la xénophobie, seront probablement amplifiée. Ce ministère de l’Égalité sera très probablement dirigé par Fadila Mehal, fondatrice des Mariannes de la diversité. Pour la connaitre personnellement, je peux vous assurer que c’est quelqu’un de très compétent qui se bat tous les jours contre les inégalités. Au sein du shadow cabinet du MoDem («cabinet fantôme», sorte de gouvernement virtuel et parallèle chargé de défendre les idées du parti, NdlR), c’est la référence en matière de lutte contre les discriminations.

Celle-ci passera dans un premier temps par la loi, dans un deuxième temps par une grande campagne de sensibilisation auprès de tous les publics et dans un troisième temps par l’intervention des corps intermédiaires, et notamment des enseignants, auxquels François Bayrou tient tant, au sein des établissements scolaires. Et, enfin, j’ose espérer que cela commencera à aller mieux…

Cet engagement en faveur de la lutte contre les discriminations n’est-il pas difficilement conciliable avec l’opposition de François Bayou à l’ouverture du mariage à tous les couples ?

Benoît Courtin : Effectivement, dans la bouche de François Bayrou, le mot «mariage» n’apparait pas pour désigner l’union qu’il souhaite créer afin d’offrir aux couples homosexuels les mêmes garanties que les autres. Néanmoins, il propose clairement l’égalité des droits. Entre le mot et les droits, qu’est-ce qui est le plus important ? Qu’on appelle cela union, mariage ou contrat, le principal, c’est que les couples homosexuels soient sur un pied d’égalité avec les couples hétérosexuels et, si François Bayrou est élu, il y a fort à parier pour que cette réforme intervienne avant 2013.

À ses yeux, le mariage est un concept qui appartient à la sphère religieuse et qui doit y rester. Cela implique de ne plus désigner l’union des couples qui ne souhaitent pas de cérémonie religieuse par le mot «mariage», mais plutôt par le mot «union». Que l’on soit hétérosexuel ou homosexuel, on irait alors se «marier» à l’église et «s’unir» devant le maire.

Dans la mesure où une personne célibataire peut adopter, pourquoi ne pas ouvrir l’adoption aux couples pacsés également ?

Benoît Courtin : François Bayrou propose de rendre possible l’adoption pour tous. Il a beaucoup évolué sur cette question depuis 2002. C’est quelqu’un qui, à titre personnel, est très ancré dans la sphère religieuse et donc très influencé par ce qui peut s’y faire. Au fil du temps, il a réussi à s’en détacher et à aller de l’avant pour faire des propositions plus en phase avec la société actuelle. Pour moi, c’est son plus grand combat. L’évolution, sur ces questions de mariage et d’adoption, de l’Espagne, pourtant plus ancrée dans la religion catholique que la France, l’a beaucoup fait réfléchir.

La position de François Bayrou sur la gestation pour autrui (GPA) paraît peu claire…

Benoît Courtin : Il ne dit pas clairement qu’il y est favorable, en effet. Mais il sait que cela existe et que beaucoup de couples français vont à l’étranger pour avoir un enfant par ce moyen-là. Il part du principe que, dès lors, il faut rendre la GPA légalement possible pour éviter les démarches infernales auprès des tribunaux et de l’état civil. Le contraire serait hypocrite.

Que répond François Bayrou aux demandes des personnes transidentitaires qui réclament, entre autres, un changement d’état civil simplifié ?

Benoît Courtin : Il pense que cela doit se faire de la façon la plus simple possible. C’est déjà suffisamment compliqué pour ces personnes de changer de sexe sans qu’elles doivent en plus se battre contre l’administration pendant des mois.

Cet engagement plutôt favorable aux personnes LGBT ne rentre-t-il pas en contradiction avec les opinions conservatrices de certains électeurs du MoDem, notamment avec une franche de l’électorat catholique tenté par le vote François Bayrou ?

Benoît Courtin : Au MoDem, il n’y a pas de conservateurs. Il peut y en avoir parmi les soutiens de François Bayrou durant le temps de la présidentielle, mais pas au sein du parti.

François Bayrou est-il favorable à l’abolition des franchises médicales, qui frappent particulièrement les personnes atteintes du sida et d’infections chroniques ?

Benoît Courtin : Non, il ne pourra pas répondre favorablement à cette revendication des associations de malades, pour des raisons budgétaires. Cela ne signifie évidemment pas qu’il faille abandonner la lutte contre le sida, bien au contraire : il faut sensibiliser tous les publics et pousser chacun à se faire dépister le plus régulièrement possible.

François Bayrou est-il favorable à la levée de l’interdiction actuellement faite aux gays de donner leur sang ?

Benoît Courtin : Oui, car tout un chacun doit pouvoir faire don de sa personne. Pour cela, il faut renforcer les contrôles tout au long du processus de don du sang et surtout renforcer la prévention en amont.

Le MoDem est-il favorable à la proposition de loi actuellement en discussion au Parlement qui envisage de pénaliser les clients des prostituées, au risque d’aggraver leurs conditions de travail ?

Benoît Courtin : Je ne vois pas pourquoi on pénaliserait les clients, pas plus que les prostituées d’ailleurs. Même si la prostitution n’est pas reconnue comme un métier en France, on vit tout de même dans un pays où on a le droit d’exercer l’activité professionnelle que l’on souhaite.

 

Photo © Antonin Borgeaud

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