la jeune fille et la mort thomas lebrun credit Frédéric Iovino

“La Jeune Fille et la mort”, un mythe cyclique et éphémère

Thomas Lebrun (que l’on avait pu voir en talons aiguilles et longue robe noire ou en «bunny» dans Feue, spectacle en hommage à Pina Bausch), présente à la Maison de la Danse sa dernière création, La Jeune Fille et la mort.

En s’appuyant sur le Quatuor n°14 en ré mineur de Franz Schubert, le chorégraphe Thomas Lebrun, originaire du Nord-Pas-de-Calais et actuel directeur artistique du Centre chorégraphique national de Tours, entend donner avec La Jeune Fille et la mort sa version d’un mythe qui puise ses racines dans l’Antiquité (avec le rapt de Perséphone par Hadès), irrigue la Renaissance et nourrit le romantisme du compositeur allemand au XIXe siècle. Qu’il s’agisse de symboliser, chez les Grecs et les Romains, la succession des saisons ou, par la suite, le caractère inéluctable de toute fin, le motif de la jeune fille confrontée à la mort se prête à une réflexion sur la vanité de la vie et sur le caractère éphémère de la beauté.

Un spectacle sur la transmission

Pour créer ce spectacle à travers lequel il espère renouer avec une dimension romantique de la danse, Thomas Lebrun a fait appel à sept interprètes d’horizons et d’âges variés. La jeune Anne-Sophie Lancellin se retrouve ainsi confrontée aux expérimentées Odile Azagury, Christine Gérard et Corinne Lopez. L’âge – et plus précisément celui de la femme – se départit alors ici du seul caractère discriminant que lui confère notre société assoiffée de jeunesse pour revêtir une charge bien plus noble : celle de la transmission.

Or, Lebrun reconnait lui-même avoir quelque peu tenu la mort à l’écart de son spectacle, refusant toute incarnation grand-guignolesque et préférant se consacrer à l’autre grande question de La Jeune Fille et la mort : la beauté. Aussi sommes-nous en droit de nous interroger : et si le seul véritable élixir de jouvence se trouvait dans la transmission du savoir ? Peu importe donc que l’enveloppe charnelle ne se flétrisse si les gestes peuvent être reproduits par une autre, peu importe que la grâce des pas s’amenuise si d’autres jambes peuvent à nouveau l’incarner. Et nous revoilà avec Perséphone et le cycle des saisons. La Jeune Fille et la mort, une réflexion éternelle sur l’éphémère ?

 

La Jeune Fille et la mort, les 3 et 4 mai à la Maison de la Danse, 8 avenue Jean Mermoz-Lyon 8 / 04.72.78.18.00

 

Photos © Frédéric Iovino

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