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Une «utopie nécessaire» nommée TNP

La programmation de la saison 2012-2013 du Théâtre National Populaire (TNP) de Villeurbanne vient d’être dévoilée. Christian Schiaretti, son directeur, a voulu la placer sous la thématique «politique et poésie».

La saison 2012-2013 du Théâtre National Populaire (TNP) de Villeurbanne rendra hommage à Jean Vilar, l’une de ses grandes figures. Un siècle s’est écoulé depuis sa naissance et pourtant l’essence même de sa réflexion imprègne encore le théâtre. C’est en 1951 qu’il demanda la réinstallation des trois mots Théâtre, National et Populaire sur le fronton du Palais de Chaillot, en plein seizième arrondissement de Paris. Savait-il déjà à l’époque qu’il modifierait la place du théâtre dans la cité ? Quoiqu’il en soit, une juste reconnaissance lui sera rendue du 5 au 31 octobre 2012.

Quatre spectacles en partenariat avec la Biennale de la Danse

– La Curva d’Israel Galván : savant mélange de jazz contemporain et de chant traditionnel, avec, en son centre, la danse flamenco qui dynamite le genre sans pour autant faire l’économie du spectaculaire. Du 16 au 18 septembre au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

la création 2012 de la chorégraphe Maguy Marin : bien que muette quant à sa création, Maguy Marin, avec l’aide de son collaborateur Denis Mariotte, proposera une suite à ses deux précédents spectacle, Salves et Turba. Du 19 au 25 septembre, au Petit Théâtre du TNP, salle Jean Bouise

– …du printemps : Thierry Thieû Niang et le dramaturge Jean-Pierre Moulères proposent une nouvelle variation du Sacre du printemps, portée par des danseurs seniors amateurs. Du 27 au 29 septembre au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

– Out of Time : chorégraphie et interprétation de Colin Dunne, danseur phare rendu célèbre par son rôle dans Riverdance. Out of Time s’impose comme un tournant dans le parcours hors-norme de ce danseur virtuose. D’abord parce que la danse contemporaine devient comme un prolongement personnel de ses recherches, mais aussi parce qu’avec cette création, Dunne fait le point sur son histoire et sur le sens de la tradition.

Valère Novarina et Denis Guénoun

Concernant la programmation en elle-même, le coup d’envoi de cette nouvelle saison sera donné avec :

– L’Atelier volant, texte, mise en scène et peintures par Valère Novarina. Dans cet atelier, Novarina nous montre cinq employés qui se battent avec toute l’énergie de la langue et la force des mots dans une lutte pour le pouvoir. Ici, toutes les idéologies sont démontées et, en premier lieu, l’effigie humaine. Du 9 au 13 octobre 2012 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

Suivi par :

– Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, mise en scène de Christian Schiaretti. Le récit de cette pièce s’organise autour d’un échange fictif de lettres entre Jean-Louis Barrault et Jean Vilar. En mai et juin 1968, Barrault est aux prises avec l’occupation de l’Odéon par des contestataires, qui installent dans le théâtre un forum permanent, lequel commence avec panache et se termine par une dégradation. Vilar, de son côté, fait face, en juillet, à la mise en cause du Festival d’Avignon comme supermarché de la culture et aux tentatives de faire cesser son activité. Entre ces deux moments de crise violente, prend place la longue réunion de travail à huit clos qui rassemble, au Théâtre de la Cité de Villeurbanne, la plupart des animateurs de centres dramatiques et de maison de la culture. Du 24 au 31 octobre 2012 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

Brecht et le couple Chaplin-Thierrée

– Ukchuk-ga, Le Dit de Femme Courage, texte, composition musicale et chant de Lee Jaram. Après avoir interprété La Bonne âme du Se-Tchouan, Lee Jaram a décidé de creuser cette veine brechtienne en créant Le Dit de Femme Courage, d’après Mère Courage et ses enfants de Brecht. Après la satire sociale, elle plonge dans le lointain mythique de la Guerre des Trois Royaumes pour chanter la destinée terrible de cette femme condamnée à la survie, qui perdra successivement ses trois enfants jusqu’à se retrouver seule à déplorer son destin, dans un air final poignant, parmi les ruines d’un monde effondré. Du 8 au 9 novembre 2012 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

– Le Cirque Invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée. Lui, avec ses tours de magicien, sa cocasserie colorée et légère comme une bulle de savon, un savoir très sûr qui se donne des gestes simples, une naïveté travaillée et un regard plein de malice et de bonté fait de ce moment un instant de grâce. Elle, avec sa grâce d’elfe légendaire, une petite Alice aux pays des Merveilles et des Démons, dompte les chimères, se concentrant sur les métamorphoses fabuleuses qu’elle organise. Du 13 au 25 novembre 2012 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

Flan O’Brien, Joël Pommerat et Victor Hugo

– Le Pleure-Misère de Flan O’Brien, mise en scène de Clara Simpson. Avec un humour noir, caustique et grotesque, Flan O’Brien décrit le quotidien d’une Irlande surréaliste et métaphysique frappée par la terrible famine qui s’abattit sur elle il y un siècle et demi. Du 13 au 17 novembre 2012 au Grand Théâtre du TNP, salle Jean Vilar

– La Grande et Fabuleuse Histoire du commerce, une création théâtrale de Joël Pommerat. Deux histoires et deux époques. Années 60 et années 2000. Ils sont cinq, courant de ville en ville, de pavillon en appartement. Ils sont dans la vente. Cette pièce parle d’une descente vertigineuse vers un enfer, celui de la surconsommation. Comment, en quarante ans, cinq amis et collègues arrivent à se déchirer pour un contrat. Du 20 novembre au 1er décembre 2012 au Petit Théâtre du TNP, salle Jean Bouise

– Ruy Blas de Victor Hugo, mise en scène par Christian Schiaretti. Le sujet philosophique de Ruy Blas, c’est le peuple aspirant aux régions élevées ; le sujet humain, c’est un homme qui aime une femme ; le sujet dramatique, c’est un laquais qui aime une reine. L’enjeu est donc de voir et de comprendre toute cette complexité théâtralisée. Du 7 au 22 décembre 2012 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

Cervantès et Dylan Thomas

– Don Quichotte de Miguel de Cervantès, mise en scène de Christian Schiaretti. C’est l’histoire de Don Quichotte et de Sancho Panza, l’un qui veut incarner et rétablir seul les valeurs de la chevalerie et l’autre, pauvre et démuni, qui rêve de devenir Gouverneur d’une île. Du 27 décembre 2012 au 5 janvier 2013 au Petit Théâtre du TNP, salle Jean Bouise

– Au Bois Lacté de Dylan Thomas, mise en scène d’Yves Charreton. Dylan Thomas a écrit Au Bois Lacté en s’inspirant du village de Laugharne (au Pays-de-Galles) où il vivait avec sa femme et leurs trois enfants. Il décrit une seule journée de la vie de ce village, de la nuit à la nuit… À partir de cette observation et de son univers propre, il a crée le village imaginaire de Llareggub, microcosme humain, très humain, qu’il peuple d’un riche échantillonnage de nos folies, aspirations, tares, désirs divers en une nuit et une journée de printemps. Du 15 au 19 janvier 2013 au Petit Théâtre du TNP, salle Jean Bouise

Un Hamlet par Daniel Mesguich

– Hamlet de Shakespeare, mise en scène, traduction et adaptation de Daniel Mesguich. Le roi du Danemark, père d’Hamlet, est mort récemment. Son frère Claudius l’a remplacé comme roi et, moins de deux mois après, a épousé Gertrude, la veuve de son frère. Le spectre du roi apparaît alors et révèle à son fils qu’il a été assassiné par Claudius. Hamlet doit venger son père et, pour mener son projet à bien, simule la folie.

Mais il semble incapable d’agir, et, devant l’étrangeté de son comportement, on en vient à se demander dans quelle mesure il a conservé sa raison. On met cette folie passagère sur le compte de l’amour qu’il porterait à Ophélie, fille de Polonius, chambellan et conseiller du roi. L’étrangeté de son comportement plonge la cour dans la perplexité. Mis en cause à mots couverts par Hamlet, Claudius perçoit le danger et décide de se débarrasser de son fantasque neveu. Du 16 au 20 janvier 2013 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

Des poèmes d’Aragon sur scène

– Je me souviens d’après Le Roman inachevé de Louis Aragon. Une proposition de Daniel Gouy. Le Roman inachevé est un recueil de poèmes à la première personne. Cette autobiographie, partielle et inachevée, fait suite au long poème paru deux ans plus tôt, Les Yeux de la mémoire. Seulement, cette fois, Aragon ne retient de sa vie que des morceaux dont le souvenir au présent se recompose en «roman».

Composé en trois parties, rebaptisées pour la circonstance La Mélancolie, La Guerre et L’Amour d’Elsa, il est généralement convenu qu’avec cet ouvrage la poésie d’Aragon de l’après-guerre atteint alors un sommet. Damien Gouy et son complice musicien s’emparent de ce texte et n’en retiennent que certains moments pour les transposer dans une mise en scène nue, sans décors ni costume, prenant juste appui sur les rythmes de cette écriture qui a le talent de s’adresser à tous. Du 23 janvier au 2 février 2013 au Grand Théâtre du TNP, salle Jean Vilar

Ibsen, Calderon, Becket et Swiatly

– Un ennemi du peuple de Henrik Ibsen, mise en scène de Thomas Ostermeier. Cette pièce raconte l’histoire du docteur Stockmann, qui découvre que les eaux de la station thermale de son village sont gravement contaminées par la tannerie locale. Il se met donc en devoir de prévenir la population qui, petit à petit, va le rejeter et faire de lui «l’ennemi du peuple». Du 29 janvier au 2 février 2013 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon. Spectacle en allemand, surtitré en français.

– Le Grand Théâtre du monde suivi de Procès en séparation de l’Âme et du Corps de Pedro Calderon de la Barca, mise en scène de Christian Schiaretti. Ces deux œuvres sont des perles du théâtre d’or espagnol. La première relate l’allégorie de la vie comme pièce de théâtre et la deuxième est la représentation de l’allégorie du corps humain : le Corps, l’Âme, l’Entendement, la Volonté, la Mémoire, la Vie, le Péché… Du 5 au 16 février 2013 au Petit Théâtre du TNP, salle Jean Bouise. Entracte entre les deux pièces

– Fin de Partie de Beckett, mise en scène d’Alain Françon. Fin de partie propose une vision drôle et pitoyable de l’humanité. Du 13 au 24 février 2013 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon

– Annette de Fabienne Swiatly, conception et mise en scène de Nicolas Ramond. C’est une cellule de travaux, une réflexion personnelle sur le handicap de sa sœur. Il y a une véritable réflexion sur la normalité. Du 12 au 22 février au Grand Théâtre du TNP, salle Jean Vilar

Peter Handke, Johannes von Saaz, Hélène Cixous et Alain Badiou

– La Femme gauchère, d’après le roman de Peter Handke, adaptation et mise en scène de Christophe Perton. Marianne, l’héroïne du roman, fait le choix de la solitude. Il s’agit d’une réflexion sur la quête d’une «sensation vraie», d’une quête spirituelle où seul l’être peut se (re)trouver. Du 12 au 16 mars 2013 au Grand Théâtre du TNP, salle Roger Planchon.

– Le Laboureur de Bohême de Johannes von Saaz, mise en scène par Christian Schiaretti. C’est la rencontre d’un laboureur et de la mort, qui tout au long de la pièce va nous faire nous poser des questions sur notre propre existence et sur nos attentes. Du 12 au 15 mars et du 2 au 5 avril 2013 au Petit Théâtre du TNP, salle Jean Bouise

– Rouen, la Trentième Nuit de Mai ’31 de Hélène Cixous, mise en scène par Christian Maltot. La pièce relate la dernière nuit de Jeanne d’Arc en prison. Avec tous les enjeux et les questionnements que cela implique, cette pièce nous parle d’une femme qui, de par ses faits héroïques et sa mort, est passée dans la postérité et même dans le fantasme commun comme «Jeanne d’Arc, la pucelle d’Orléans». Du 19 au 23 mars 2013 au Petit Théâtre du TNP, salle Jean Bouise

– Cinq jours en compagnie d’Alain Badiou : c’est la transposition du dialogue de Platon, La République, dans notre actualité. Du 19 au 23 mars 2013 au Grand Théâtre, salle Roger Planchon.

Denis Guénoun, Rabelais, Césaire, Delay et Roubaud

– Qu’est-ce que le temps ? (du 20 au 23 mars 2013) et Artaud-Barrault (du 26 au 30 mars 2013), conception et mise en scène de Denis Guénoun. Qu’est-ce que le temps ? traite de la question du temps et de l’exploration des ressources les plus intimes et dynamiques du jeu d’un acteur aux prises avec de très grands textes et avec l’écriture du corps dans l’espace. Au Grand Théâtre du TNP, salle Jean Vilar

– Pantagruel de François Rabelais, conception artistique et adaptation Benjamin Lazar et Olivier Martin-Salvan. La désacralisation de l’humain par Rabelais sera revisité. Du 9 au 20 avril 2013 au Petit Théâtre, salle Jean Bouise

– Une saison au Congo de Aimé Césaire, mise en scène par Christian Schiaretti. Nous sommes au Congo belge en 1958 lorsque la pièce débute. C’est une période d’effervescence qui va mener le pays à l’indépendance. Du 14 mai au 7 juin 2013 au Grand Théâtre, salle Roger Planchon

– Gauvain et le Chevalier Vert, de Florence Delay et Jacques Roubaud, mise en scène de Julie Brochen. Troisième pièce du Graal Théâtre. Cette pièce raconte une année de la vie de son héros Gauvain. Il y triomphe de deux grandes épreuves : le défi d’un géant, qui semble impossible à relever et la tentative du Château des Dames et Demoiselles, forteresse de l’Autre Monde, où cherchent à l’attirer et à le retenir sa mère, sa grand-mère et sa sœur. Du 12 au 22 juin 2013 au Grand Théâtre, salle Roger Planchon.

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