Olivier Py se frotte au mythe “Carmen”

En mettant en scène Carmen, Olivier Py relève le pari difficile de parvenir à offrir un regard neuf sur cet opéra mille fois monté. Y arrivera-t-il ?

Carmen, sa popularité inoxydable, ses représentations trop souvent bourrées de clichés, le risque constant d’approcher l’œuvre par le biais du seul folklore : tout concoure à faire sombrer chaque nouvelle mise en scène du chef-d’œuvre de Bizet dans le lourdingue et le suranné. L’Opéra de Lyon a donc mis le paquet pour en offrir une version d’un engagement débridé, dans la fosse comme sur le plateau. Entre Stefano Montanari, chef d’orchestre toujours inspiré et bouillonnant, et Olivier Py, metteur en scène surdoué, entre ce duo de chefs dont l’excellence n’est plus à prouver, le choc esthétique risque d’être puissant. On se prépare d’avance au bonheur d’assister à du grand, d’entendre du nouveau, de goûter à un moment unique.

«Ce ne sera absolument pas une espagnolade avec côté exotique à la clé, mais plutôt un regard sur le conflit quasiment intemporel entre l’Amour et la mort» : Olivier Py plante son décor. Ses inconditionnels se souviendront avec bonheur de sa magnifique mise en scène de Curlew River de Benjamin Britten (déjà à l’Opéra de Lyon) en 2008 : christique et sensuelle, baignée d’un clair-obscur fascinant qui rendait tous les corps étrangement beaux et graves.

Une femme libre

Rappel à l’intention de ceux qui ne connaîtraient pas encore l’intrigue : à Séville, vers 1820, Carmen doit être incarcérée, mais le brigadier Don José, chargé de sa surveillance, tombe amoureux d’elle et la laisse s’échapper. Carmen chante, danse, fait tourner la tête du torero Escamillo. Don José déserte pour suivre cette indomptable mais la cigarière se lasse et choisit Escamillo. Fou d’amour, Don José la poignarde et se laisse arrêter. C’est donc d’abord l’histoire d’une femme libre qui préfère mourir plutôt que de se laisser enfermer par un amour, par un amant, par qui que ce soit. Tout à fait moderne dans un XIXe siècle où la femme n’a rien à dire, où les ouvrières n’ont aucun droit, aucun avis à donner. Scandale à l’époque, évidemment… José Maria Lo Monaco saura camper une Carmen très incarnée et sa voix ronde et chaude va déshabiller plus d’un spectateur.

 

Photos © Stofleth

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