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Caroline Fourest : «ne pas banaliser l’accusation de racisme»

Caroline Fourest est journaliste et essayiste, ancienne présidente du Centre gay et lesbien de Paris.

Que pensez-vous des accusations d’homonationalisme qui ont été lancées contre des associations LGBT, par exemple à Berlin en 2010 ou à Paris en 2011 ?

Caroline Fourest : Les critiques émises l’an dernier contre l’affiche de la Marche des Fiertés parisienne émanaient d’un tout petit milieu qui ne rencontre jamais l’extrême droite. Si il la connaissait réellement, il n’y aurait pas eu ces comparaisons odieuses ni cette polémique sur le nationalisme supposé des associations LGBT. Ces gens-là jouent à se faire peur.

Quant à Judith Butler, je fais partie d’un féminisme actif qui vise la déconstruction des genres et pour lequel ses travaux sont très importants. Mais cela fait longtemps que je suis atterrée par certaines de ses prises de positions, l’infantilisme politique dont elle fait preuve sur la question du voile (et qui va à l’opposé de ses propres travaux !) ou la facilité avec laquelle elle manie l’accusation de racisme, qui est particulièrement grave et qu’il ne faut pas banaliser. Certaines personnes considèrent que tous ceux qui se battent contre l’intégrisme religieux sont racistes. C’est hallucinant venant de gens qui prônent l’émancipation des homos et la déconstruction du genre.

Les bons scores réalisés par le Front National chez les gays et les lesbiennes ne sont-ils pas la preuve que le danger homonationaliste est bien réel ?

Caroline Fourest : En réalité, l’extrême-droite fait toujours des scores moins élevés chez les homos que chez les hétéros. Mais il est vrai que cet écart a tendance à se réduire, car Marine Le Pen a fait un véritable effort de communication pour que les aspects les plus homophobes de son parti soient moins mis en avant. Cela lui permet d’utiliser la peur de l’islamisme pour séduire ceux qui se sentent visés par l’intégrisme, mais c’est un jeu de dupes, car on ne peut pas combattre une discrimination par une autre.

 

À lire : Marine Le Pen, de Caroline Fourest et Fiammetta Venner (éditions Grasset)

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