Abolitionnisme, prohibitionnisme, réglementarisme : quel modèle ?

Le débat sur la prostitution n’est pas qu’une querelle d’idées abstraites : ces controverses sur les notions de libre consentement, d’égalité entre les sexes ou d’autonomie trouvent des applications très concrètes dans le Code pénal. Si tout le monde s’accorde à dénoncer l’esclavage sexuel, la prostitution enfantine ou les mauvais traitements dont sont victimes les travailleurs du sexe (tant de la part de certains clients que des autorités), les avis divergent sur la façon de combattre légalement ces fléaux. Le prohibitionnisme consiste à rendre illégale la vente de services sexuels ; il s’applique donc d’abord aux personnes prostituées et est souvent dénoncé comme une forme de criminalisation de la misère. Si la majorité des abolitionnistes rejettent ce modèle, ils demandent en revanche la pénalisation des clients, appelés «prostitueurs». Une idée que réfutent les non-abolitionnistes, qui ne sont pas tous pour autant des réglementaristes. Dans un article paru le 5 août sur le site Slate.fr, les féministes Marie-Hélène Lahaye et Valérie Rey-Robert, rappellent ainsi que «la France a été pionnière du système réglementariste au XIXe siècle et a fait des prostituées une classe à part, stigmatisée et enfermée. Elle a donné du pouvoir aux hommes sur les prostituées, qu’ils soient clients, proxénètes, policiers ou médecins». Elles appellent donc de leurs vœux l’instauration d’un système «légaliste», dans lequel l’achat et la vente de services sexuels serait légale, sans législation contraignante ni spécifique aux personnes prostituées.

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