«Dans la lignée des luttes pour la légalisation de l’avortement»

Morgane Merteuil est la secrétaire générale du Syndicat du travail sexuel (Strass).

Le Strass est-il un syndicat féministe ?
Oui, évidemment, puisqu’on défend la liberté des femmes à exercer le travail sexuel sans être mises en danger, comme c’est le cas aujourd’hui en raison des lois répressives. Nous pensons que, sous couvert de lutter contre le travail sexuel, on lutte en réalité contre la liberté sexuelle des femmes. Et ce n’est pas seulement notre point de vue, mais aussi celui de nombreuses féministes, comme par exemple Gail Pheterson. En ce sens, on peut considérer que la lutte pour la reconnaissance du travail sexuel s’inscrit dans la lignée de celles pour la légalisation de la contraception, de l’avortement, etc.

Beaucoup affirment pourtant que l’on ne choisit jamais «librement» la voie de la prostitution…
Le Strass ne nie pas que nous vivons dans une société fondée sur des rapport de domination (de classe, de race, de genre…). Par conséquent, nous ne parlons pas d’une liberté abstraite, mais d’une liberté qui s’exerce dans ce cadre. Évidemment, travailler n’est pas une liberté en soi. Mais dans un champ de choix relativement restreint (puisqu’il s’agit avant tout, bien entendu, de gagner sa vie), nous revendiquons le droit de choisir notre métier.

La majorité des personnes qui vendent leur corps sont des femmes et la majorité des clients des hommes : n’est-ce pas la preuve d’un rapport de domination sexiste ?
Tout d’abord, nous ne vendons pas notre corps, pas plus que nous le louons : nous vendons un service sexuel ! Ensuite, évidemment que la prostitution n’échappe pas au sexisme et au patriarcat qui imprègnent toute la société. S’il y a plus de clients que de clientes, c’est parce que ce sont les hommes qui exercent le pouvoir et assument leur désir, alors que le désir féminin reste culpabilisé.

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