«La grande majorité des prostituées ne sont pas consentantes»

Le documentariste Patric Jean (La Domination masculine) est l’initiateur du réseau Zéromacho – Des hommes contre la prostitution.

Quelle est votre légitimité, en tant qu’homme, à vous exprimer sur le sujet de la prostitution ?
Nous, les 1 100 hommes rassemblés au sein du réseau Zéromacho, voulons porter la voix de ceux qui refusent la prostitution – soit la grande majorité des hommes, puisque 80% d’entre eux n’y ont jamais recours – pour des raisons éthiques et politiques. Il y a parmi nous des maris fidèles, des libertins, des gays, des hétéros. Tous, nous souhaitons rappeler que la prostitution, qu’elle soit le fait d’hommes ou de femmes, s’adresse toujours aux hommes et que nous la ressentons comme une violence. Nous appelons donc de nos vœux l’instauration d’une norme sociale qui interdirait de louer le corps d’autrui.

Pourquoi l’État devrait-il interdire des relations sexuelles entre adultes consentants ?
La grande majorité des prostituées ne sont pas consentantes, parce qu’elles sont prises dans des réseaux mafieux et de très forts déterminismes sociaux. Sont-elles vraiment libres ou simplement résignées parce qu’elles n’ont pas d’alternative ? L’espérance de vie des femmes prostituées à Paris est la même que celle des SDF : peut-il y avoir ici une liberté de choix ?

Ne craignez-vous pas que la pénalisation des clients ne favorise les contaminations par le VIH, comme l’affirme Aides ou Act Up-Paris ?
Ce sont des propos de Tartuffes. Cela revient à dire qu’aujourd’hui, les prostituées seraient protégées du sida et des autres IST parce que le client n’encourt aucune peine. Or, on sait bien que c’est faux. De plus, c’est envisager la question de la prévention uniquement du point de vue des prostituées, comme si elles seules étaient des vectrices de maladie. Enfin, l’expérience des pays qui ont légalisé les bordels montre que non seulement les mafias et la prostitution des mineurs se sont multipliées, mais que cela ne résout rien en termes de santé publique. Quelle inspection du travail pourrait aller vérifier que les clients se protègent ?

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