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Joan W. Scott publie “De l’utilité du genre”

La publication du recueil De l’utilité du genre est l’occasion de revenir sur l’œuvre de l’historienne Joan W. Scott.

joan w. scott de l'utilité du genreLe genre est une «catégorie utile d’analyse historique» notait, dans un article de 1986, l’historienne féministe Joan W. Scott. Le texte est devenu un classique de ce que l’on nomme les «études de genre» ou encore les «rapports sociaux de sexe». Alors que les historiennes féministes étaient de plus en plus nombreuses à utiliser le concept de «genre», Joan W. Scott soulignait la puissance théorique de celui-ci, qu’elle définissait comme «un élément constitutif des relations sociales fondé sur les différences perçues entre les sexes, […] une façon première de signifier les rapports de pouvoir». Elle soulignait combien il permettait de penser l’articulation des catégories telles que masculin/féminin ou homme/femme. Et d’interroger la manière dont les catégories et les identités sexuelles sont produites, et sans cesse utilisées, invoquées et renouvelées.

Le genre, un puissant outil d’analyse critique

De l’utilité du genre est un recueil d’essais qui s’ouvre par cet article de 1986. Il montre comment le genre a tenu ses promesses critiques, en permettant de remettre en cause «la perception et l’organisation, autant concrète que symbolique, de toute la vie sociale». Au fil des textes, Joan W. Scott propose ainsi une discussion avec l’histoire d’inspiration marxiste et le concept de «classe», une réflexion sur l’utilisation possible de la théorie psychanalyste dans la recherche féministe ou encore une redoutable critique d’une théorie nationale de la «séduction française» avancée par des intellectuels conservateurs contre le mouvement féministe.

Brossant le tableau de plusieurs décennies de travaux, Joan W. Scott incite à retrouver le geste radical qui animait les féministes. L’interrogation sur l’avenir de la critique se lit par exemple dans les très belles pages qu’elle consacre à l’institutionnalisation universitaire de la recherche féministe. Et Joan W. Scott de rappeler : «ce que nous voulions en examinant ce passé, c’était déstabiliser le présent, défier les institutions patriarcales et les modes de pensée qui en appellent à la nature pour s’auto-légitimer ; bref, rendre pensable, en quelque sorte, l’impensable».

 

De l’utilité du genre de Joan W. Scott (éditions Fayard)

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