Qui fait Brice, qui fait la pute ?

Rencontre avec Pierre, moitié du duo Brice et sa pute, qui fête la sortie de son premier album ce 1er décembre au Clacson.

Brice et sa pute est très ancré dans le paysage musical lyonnais et ce, sans véritable album en poche…
Oui, notre premier vrai album sortira début décembre. L’ancien n’était qu’un EP, un test un peu bâtard, dans lequel il n’y avait que deux titres enregistrés en studio. Le reste des titres provenait d’une ancienne maquette bidouillée. Pour ce premier album, on n’a pas du tout mis la même énergie que sur scène. Nous sommes conscients que Brice et sa pute marche beaucoup sur le live et le visuel. Si tu enlèves ça, qu’est-ce qu’il reste ? Le grand défi, c’était d’arriver à trouver dans la musique quelque chose qui compense cette perte du visuel. On a trouvé une solution dans les arrangements, dans les différentes matières sonores qui composent les titres. Le résultat est bluffant. Quand on écoute certains morceaux, on se demande maintenant comment on va faire pour les jouer en live !

Qu’avez vous prévu pour fêter ça ?
La sortie de l’album est prévue le 1er décembre au Clacson. Ce sera une grosse fête, la «Kermesse de l’Amour», car l’album s’appelle Amour. On invite deux groupes qu’on aime bien, Poil et Makadam Kanibal, qui n’est pas vraiment un groupe de musique, mais une compagnie de théâtre de rue, de fakirisme. Il y aura des stands, des animations, un tireur de tarots… Une vraie kermesse !

Vous vous amusez sur scène à brouiller les pistes, notamment celles du genre…
Brice et sa pute vient du fait que nous sommes un garçon et une fille. On aime bien ne pas donner de réponse à la question «qui est Brice et qui est la pute ?». Ce n’est pas aussi évident qu’il n’y paraît, parce que les rapports s’inversent. Je suis dans une cage, enfermé, en jarretelles. Je suis coincé. Elle, elle chante ce qu’elle veut, elle est libre. Et, pourtant en général, les féministes ne nous aiment pas, principalement à cause de notre nom. Elles pensent que ça va être un spectacle sexiste.

Brice et sa pute est donc un projet féministe ?
Je ne sais pas. L’étiquette nous emmerde un peu. On ne défend pas une cause précise. On provoque et chacun fait son chemin ensuite et en déduit ce qu’il veut.

On vous a aussi retrouvé lors d’une soirée Middlegender. Pourquoi ?
Parce que notre musique parle à différentes communautés : aux gays, aux rockeurs, aux mecs qui font du métal, aux gens du théâtre… On aime bien jouer dans des milieux très différents.

Si votre public est si hétéroclite, c’est sans doute parce que vous jouez sur différents registres musicaux : le punk, la chanson, le rock… Mais de quel univers musical venez-vous ?
En ce moment, j’écoute beaucoup la vieille variété française, de C. Jérôme à Balavoine. J’écoute aussi pas mal Bide et Musique (webradio associative spécialisée dans les tubes les plus ringards des années 70 et 80, NdlR). Je me sers de ce côté kitsch pour Brice et sa pute. Marie est plus rock, plus garage et très musique classique aussi, elle a une formation de chanteuse lyrique.

Est-ce que vous travaillez vos personnages, est-ce qu’ils évoluent ?
Non. On n’est pas comédiens. Et puis, on a chacun une manière très différente d’appréhender nos personnages. Marie est aussi complètement déglinguée dans la vie. Son personnage n’en est donc pas vraiment un. Elle se lâche peut-être juste un peu plus. Pour moi, c’est plus un rôle de composition.

Les textes de Brice et sa pute sont très crus. Comment les percevez-vous ?
Marie écrit tous les textes. Elle travaille en écriture automatique. Ensuite, on compose ensemble. Il n’y a aucune censure quant à l’aspect trash des textes. Si je dis à Marie : «là, tu vas un peu loin», elle ne va même pas m’écouter ! Mais j’accepte tout. Ce ne sont pas des textes que j’écrirais, mais ça me plait de les soutenir, ça ne fait de mal à personne, ça brusque un peu, c’est tout. Ce qui est dérangeant n’est pas un problème, au contraire.

Vous aimez provoquer ?
Un truc qui te fait remettre en question, c’est toujours intéressant.
Les filles ça aime pas les oiseaux
Ça prépare jamais de gâteaux
Ça se maquille pas et ça chie fort
Ça continue à hurler une fois mort
Les hommes y pensent les filles c’est beau
Mais z’ont tout tort mais z’ont tout faux
Quand je me tords dans mes draps mous
Je peux vous dire c’est pas beau du tout

Les filles ça mange des queues
À grands coups de dents jaunes
Les filles ça dévore quand il pleut
Ton sperme de fantôme
Les filles ça a des pieux au cœur
Et ça explore tout tes anus
Les filles ça lèche toutes tes ardeurs
Dis-moi si t’en veux plus

La fesse c’est bon
J’en veux jambon

Extrait de Aaah les Filles, chanson tirée de Amour, premier album de Brice et sa pute (sortie le 1er décembre).

Brice et sa pute en concert le 1er décembre au Clacson, 10 rue Orsel-Oullins / 04.72.39.74.93
www.myspace.com/briceetsapute

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