Cherche plan désespérément

© Michel Lévy-Provençal

Certaines associations applaudissent au plan d’action gouvernemental contre les LGBTphobies, d’autres se montrent plus réservées.

Le 22 novembre dernier, la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, dévoilait le détail du plan gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie (dont les grandes lignes avaient déjà été présentées lors de son adoption en Conseil des ministres, le 31 octobre). Fruit d’une mission interministérielle confiée par Matignon à la benjamine du gouvernement, cette feuille de route a été élaborée pendant plusieurs semaines en concertation avec plus d’une centaine d’associations gays et lesbiennes. Elle se décline en quatre axes principaux : la lutte contre les violences, la priorité donnée à la jeunesse, le combat contre les discriminations et la défense des droits humains des homosexuels à l’étranger. Parmi les mesures annoncées : la facilitation des agréments des associations gays et lesbiennes pour les interventions en milieu scolaire, la formation des infirmiers pour un meilleur accueil des personnes âgées LGBT, la modification de l’application du droit d’asile pour les personnes persécutées dans leur pays en raison de leur homosexualité, un accès plus simple des personnes transgenres à un numéro de Sécurité sociale provisoire…

«Une première» ou un «retour en arrière» ?

Ce plan a été accueilli plutôt favorablement par la Fédération LGBT, pour qui il constitue «une première» mais qui note toutefois que «[son] annonce […] n’a fait l’objet d’aucune communication précise de budget» et qui prévient donc qu’elle «reste vigilante quant à [son] application effective». Act Up-Paris (qui avait pris part elle aussi aux discussions préparatoires) a été beaucoup plus virulente, se disant «désespérée» par ce plan. «Le résultat est très loin de répondre aux enjeux pratiques qui nous concernent […] Aucune de nos revendications n’ont été entendues (sic)», déplore l’association de lutte contre le sida, qui regrette que «sur toutes les questions importantes […], Najat Vallaud-Belkacem renvoie à d’autres ministères». La création d’un nouveau critère légal de discrimination lié à la séropositivité (la sérophobie), le refus du dépistage obligatoire ou encore la question des soins posthumes des personnes atteintes du VIH ont ainsi été relégués à plus tard car, aux yeux de la ministre, «la sérophobie ne relève pas des questions LGBT». Cette déclaration a achevé d’ulcérer les militants d’Act Up-Paris, qui voient là un «immense retour en arrière». Avancée majeure ou dispositif inabouti, ce plan devra donc, dans tous les cas, être suivi de près pour vérifier les modalités concrètes de son application et, le cas échéant, compléter ses éventuels manquements.

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