Une relecture du Frigo de Copi

FrigoCopiLe jour de ses cinquante ans, L., ancien mannequin vivant reclus dans son appartement avec ses domestiques pour seul compagnie, reçoit en cadeau de la part de sa mère… un frigo. L’appareil, incongru et embarrassant, ne quittera pas le plateau de ces Péripéties de la journée de L. inspirées par Le Frigo, l’une des pièces les plus jouées du dramaturge argentin Copi.

La metteuse en scène Marlène Deschamps (du collectif La Viande), plutôt que de faire jouer L. par un homme déguisé en femme comme cela se fait habituellement, incarnait elle-même le personnage lors de la création, à Tours, en 2010. Pour cette recréation, elle a préféré se consacrer exclusivement à la mise en scène et a confié le rôle à une comédienne, qui joue donc un homme qui joue lui-même à être une femme… La confusion des genres n’en est que plus forte, soulignant le caractère interlope d’un texte qui s’amuse avec les pronoms et multiplie les indices contradictoires quant à l’identité sexuelle du personnage. Mais derrière la farce pointe également des thèmes plus graves : la solitude, la folie, l’angoisse de la mort et la tentation du suicide. Lorsqu’il écrit cette pièce, Copi se sait déjà condamné par le sida qui l’emportera en 1987, à seulement quarante-huit ans. Le frigo dans lequel L. songe à rentrer a des allures de cercueil et la comédie des airs de testament artistique, comme si le dramaturge avait voulu ici définir l’essence même de son esthétique et de son univers.

Péripéties de la journée de L., du 13 au 25 février à l’Espace 44, 44 rue Burdeau-Lyon 1 / 04.78.39.79.71 / www.espace44.com

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