États généraux de la bioéthique pma collectif oui oui oui

Édito de mars : PMA, quand est-ce qu’on se met en colère ?

«La société n’est pas prête pour ce truc-là et on a peut-être d’autres choses à faire. […] Ma priorité, c’est d’inverser la courbe du chômage, ce n’est pas la PMA

(Propos attribués à François Hollande par Le Canard enchaîné du 6 février 2013)

«Colère = action», proclamait dans les années 80 un célèbre slogan d’Act Up. L’inverse est malheureusement vrai : sans colère, sans forte mobilisation des premiers concernés, une revendication sociétale n’a que d’infimes chances d’aboutir. Qu’attendent donc au juste les gays, les lesbiennes et leurs associations pour se mettre réellement en colère contre l’enterrement programmé de la réforme de la procréation médicalement assistée (PMA) ?

Bien sûr, il y a eu dans les cortèges des partisans du «mariage pour tous» quelques timides panneaux pour rappeler au chef de l’État et à sa majorité cette promesse de campagne bien vite oubliée. Mais la colère des manifestants était le plus souvent canalisée vers des boucs émissaires bien commodes : l’Église catholique et l’opposition parlementaire, qui, il est vrai, se sont montrées sous leur jour le plus hideux durant ces longs mois de débats.

Et les historiens qui, dans quelques années, se pencheront sur la période que nous venons de vivre retiendront peut-être qu’au moment où le gouvernement faisait discrètement passer à la trappe un droit essentiel pour les lesbiennes qui souhaitent devenir mères, leurs «camarades» gays, supposément leurs alliés, n’avaient rien de plus urgent à faire que d’envoyer un bouquet de fleurs à la ministre de la Justice, celle-là même qui avait donné en septembre les premiers signes du renoncement de la majorité sur cette mesure…

Un scénario écrit d’avance

Alors qu’il devient chaque jour plus évident que la guerre de la PMA n’aura pas lieu, la technique de l’autruche et la méthode Coué ont encore d’acharnés partisans parmi les militants LGBT, qui veulent croire que rien n’est joué. Le scénario de cette trahison annoncée est pourtant tout écrit. On en prend ici même le pari : s’étant débrouillé pour refiler la patate chaude au Comité consultatif national d’éthique (qui ne se prononcera sur la question qu’en… octobre prochain !), François Hollande sera bien soulagé lorsque celui-ci rendra – ô surprise ! – un avis fatalement négatif. Il n’aura plus dès lors qu’à s’abriter derrière cette réponse pour justifier son immobilisme sur ce sujet.

Bref, la PMA ne se fera pas, du moins pas durant cette législature. Et il ne faut évidemment pas compter non plus sur l’actuelle opposition UMP pour faire avancer la question en cas d’alternance parlementaire en 2017. Ce qui signifie que, en la matière, la France vient de prendre au minimum dix ans de retard supplémentaire sur ses voisins européens. Le jour venu, il faudra bien tirer le bilan de ce désastre pour le mouvement LGBT français, incapable de porter la moindre revendication de manière autonome, sans s’appuyer sur des relais politiques. Et ceux qui sont aujourd’hui à sa tête ne pourront pas indéfiniment échapper à leur responsabilité dans cet échec.

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