“Le Frigo” : une reprise de Gilles Pastor pas réchauffée

Dix ans après avoir créé le spectacle Frigos, d’après Le Frigo de Copi, Gilles Pastor et la compagnie KastôrAgile font à nouveau appel à l’acteur Jean-Philippe Salério pour endosser le costume de L., le personnage fantasque imaginé par l’auteur argentin en 1983.

Alors qu’en février, le collectif La Viande proposait une relecture de la pièce de Copi Le Frigo avec Péripéties de la journée de L., c’est au tour de Gilles Pastor de se pencher ce mois-ci sur le texte du dramaturge argentin en reprenant le spectacle Frigos, créé en 2003 à la Villa Gillet. Structuré en deux temps, le spectacle de Pastor est composé d’un prologue vidéo (Frigo de famille, d’après des vidéos de famille du metteur en scène) et de la représentation de la pièce de Copi, Le Frigo.

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Dans ce texte contemporain de l’apparition du sida, l’artiste protéiforme argentin donne vie à un personnage trans, L., ancien mannequin qui vit retranché du monde pour écrire ses mémoires, avec pour seule compagnie ses domestiques et pour seul lien vers l’extérieur un téléphone. L’intrigue prend place le jour de l’anniversaire de L., lorsque celle-ci reçoit en cadeau de sa mère un frigo, qui trône au milieu de son salon. L’appareil électroménager, pourtant banal en apparence, devient alors le centre de gravité d’une ronde de personnages loufoques et l’objet de fantasmes et de peurs irrationnels.

Méta-théâtre

En remontant son spectacle avec le même acteur qu’en 2003 – Jean-Philippe Salério, qui interprète l’ensemble des personnages – Gilles Pastor ne se contente pas de proposer une énième lecture du célèbre texte de Copi mais met en lumière son aspect méta-théâtral. En effet, à travers L. (personnage schizophrène qui semble inventer de toutes pièces ses interlocuteurs, dont l’identité complexe refuse la binarité des genres et entretient la confusion sur sa vie), la pièce interroge le processus de création. Or, Pastor et Salério ne font pas autre chose en reprenant une mise en scène vieille de dix ans : entremêlant l’histoire du personnage, l’histoire du spectacle et l’histoire familiale du metteur en scène, Frigos apparaît alors comme un manuel d’élaboration d’une mythologie personnelle qui met en difficulté la notion de vérité.

 

Frigos, du 19 au 25 mars au Lavoir public, 4 impasse Flesselles – Lyon 1 / 09.50.82.76.13 / www.kastoragile.com

 

Photos © Thierry Chassepoux

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