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Avec Warning, les personnes séropositives s’affichent

La fierté et la visibilité : telles sont les armes mises en avant par Warning pour lutter contre l’exclusion des personnes séropositives.

Tiens, et si on reparlait du sida ? Alors que le combat pour le mariage et l’adoption semble en passe d’être remporté, certains militants gays se demandent si la lutte pour l’égalité des droits, aussi essentielle soit-elle, n’aurait pas contribué à occulter d’autres problématiques non moins importantes pour les homosexuels. Face à la recrudescence des contaminations chez les HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes, la seule catégorie de la population chez laquelle l’épidémie ne régresse pas), comment faire revenir le sida et le bien-être des personnes séropositives au cœur des préoccupations des gays ?

À Bruxelles, l’association Warning (présente également à Paris, Montréal et Genève) a décidé d’apporter sa pierre à l’édifice communautaire en lançant dans les bars de la capitale belge et sur le Net une campagne d’affiches. Malgré son nom, “Mr. HIV 2013” n’est pas une élection mais une tentative de rendre plus visibles les personnes vivant avec le VIH dans toute leur diversité : ses photos représentent un couple «sérodifférent» ou des gays «sérofier», «sérofolle», «sérofriendly» ou… «sérobourgeois»!

«Parler du sida autrement»

Les militants de Warning n’ont jamais caché qu’à leurs yeux «la stratégie du tout-capote est un échec» (ce qui leur a d’ailleurs valu d’être accusés par d’autres associations, notamment Act Up-Paris, de brouiller le message de prévention). Cette campagne (financée par les pouvoirs publics bruxellois) est donc pour eux «un moyen de parler du sida autrement, entre gays et sans misérabilisme», explique Laurent Gaissad, président de Warning Bruxelles. «On veut retourner le stigmate de la honte qui frappe les personnes vivant avec le VIH et afficher notre fierté : fierté des séropositifs d’être là, de lutter contre la maladie et de continuer à vivre avec ; fierté des séronégatifs d’être parvenus à ne pas se contaminer».

Habituée aux polémiques (y compris avec d’autres militants de la lutte contre le sida) pour ses positions jugées avant-gardistes par les uns et irresponsables par les autres, l’association juge que cette fois, son succès est incontestable : «les réactions ont été nombreuses ; les commerçants me rapportent que leurs clients leur en parlent très souvent. Et plusieurs gays m’ont dit que ces affiches les avaient choqués, voire énervés, mais qu’elles les avaient forcés à réfléchir». Preuve de cette réussite : l’initiative pourrait prochainement s’exporter en Allemagne, en Espagne et même à San Francisco. En France, rien de tel n’est prévu pour le moment, mais Laurent Gaissad ne s’interdit rien, «si on arrive à trouver les financements publics…».

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