Les femmes dans le hip hop : la rage et La Gale

Grâce à l’émergence des filles dans le rap français, les propos changent, mais la rage reste la même. La nouvelle artiste La Gale en est un bel exemple.

Bien avant La Gale, qui se souvient aujourd’hui de l’artiste Saliha et de son titre Enfants du ghetto ? Elle fut pourtant une pionnière de l’émergence du rap en France dans les années 80 et la première femme à avoir rappé sur une compilation de hip-hop. Et pas n’importe laquelle : Rapattitude, celle-là même qui fit découvrir NTM et Assassins.

Les débuts du rap féminin en France n’étaient pas sans risque, comme le dira plus tard Saliha (citée dans Rap ta France, les rappeurs français prennent la parole de José-Louis Boquet et Philippe Pierre-Adolphe, Flammarion, 1997) : «si tu montais sur scène et que tu n’assurais pas, on te balançait des chaises, on t’insultait… Mais rares ont été les filles avant moi à être montées sur scène. (…) Quand tu es une fille (…), le public a plus d’idées préconçues, de préjugés, (…), tu as intérêt à te battre deux fois plus, à ne pas t’endormir sur scène. (…) Pour faire du rap en étant une femme, il faut pas avoir peur de te faire casser».

Après deux albums sans véritable succès en 1992 et 1994, Saliha est tombée dans les oubliettes du hip-hop alors que NTM a connu la gloire avec Paris sous les bombes (1995). Elle aura cependant réussi à ouvrir la voie du rap aux filles, même s’il a presque fallu attendre l’an 2000 pour enfin découvrir en France des artistes féminines remarquables.

Le rap chope La Gale

En 2013, les femmes doivent toujours se battre pour se faire une place dans le hip-hop français : en témoigne le peu de productions éditées. De nombreuses filles rappent pourtant avec talent mais sans grande exposition médiatique. Keny Arkana et Casey sont actuellement les deux seules représentantes majeures et connues du genre. Loin de la figure imposée de la «bitch», elles s’emparent du micro pour proposer une tout autre représentation de la femme dans le rap (la chanteuse Casey évoque d’ailleurs son physique androgyne dans le morceau Pas à vendre et raconte toutes les provocations machistes qu’elle endure).

Leur écriture s’inscrit dans la tradition du hip-hop en s’emparant des thèmes habituels de leurs confères masculins, mais propose aussi une rupture en abordant d’autres sujets : le hip-hop ne discoure plus que sur les injustices sociales. Il parle maintenant des OGM, de la surveillance électronique ou de l’importance d’une bonne grammaire pour les rappeurs (le très drôle Apprends à t’taire de Casey). Dans leurs chansons, il est même aussi question parfois de viol et d’homosexualité.

Le clan des rappeuses pas bitch a une nouvelle recrue depuis cette année et elle s’appelle La Gale. Disciple de Casey, émancipée de l’attirail hip-hop traditionnel, elle vient du punk et écoute Bérurier Noir. «Je marche dans ma vision, annule tes prévisions/N’annonce pas de rédemption mais des vengeances à coup de tessons». Courage à qui voudrait lui balancer des chaises…

 

La Gale, le 17 mai à La Bobine, 47 boulevard Clémenceau-Grenoble / 04.76.70.37.58 / www.labobine.net

 

Photo © Delphine Schnydrig

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