William Burroughs à l’honneur dans “Sauvages rencontres”


Si l’excellente soirée Garçon Sauvage est bien connue des noctambules lyonnais, elle n’est pas à l’origine du spectacle Sauvages rencontres proposé par Jacques-Yves Henry, qui est plutôt allé chercher son inspiration du côté de William Burroughs.


 

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Réputé difficile d’accès et souvent méconnu, l’auteur américain William Burroughs (1914 – 1997) est à l’honneur au Carré 30 avec le spectacle Sauvages rencontres, mis en scène par Jacques-Yves Henry. À l’heure du mariage pour tous et du triomphe de l’homo-normativité, Henry a souhaité se replonger dans les textes de Burroughs qui, mêlant drogue et homosexualité, ont souvent défrayé la chronique et subi les interdits de la censure. Associé à la Beat Generation et ami d’Allen Ginsberg et de Jack Kerouac, Burroughs est connu pour ses expérimentations littéraires, notamment le cut-up (technique consistant à coller des textes les uns aux autres afin d’en créer un nouveau). Or, c’est une démarche similaire qu’a adopté Jacques-Yves Henry pour la constitution de Sauvages rencontres, puisque le spectacle est composé d’extraits de textes issus de trois ouvrages de Burroughs. Ainsi peut-on retrouver des passages de Junkie (premier roman de l’auteur américain, retraçant son expérience de la drogue lors de séjours à New York, à la Nouvelle-Orléans et au Mexique au début des années 50), mais aussi du Festin nu (son ouvrage le plus célèbre, dans lequel il dresse le portrait d’une société angoissante où l’individu ne parvient pas à trouver sa place) et enfin des Garçons sauvages, roman du début des années 70 qui dresse le portrait de jeunes voyous, pédés, drogués et prostitués.

L’homosexualité comme rébellion

C’est la puissance des mots de William Burroughs qu’Henry entend restituer sur scène dans Sauvages rencontres, la crudité des corps et des rapports sexuels, le rejet de la société qui se matérialise dans la prise de drogue. Loin d’être gay, pour Henry, Burroughs est «pédé», au sens révolutionnaire du terme. Parallèlement à la dénonciation du colonialisme, l’homosexualité, au même titre que la drogue, devient un acte de rébellion face à une société qui opprime l’individu et l’étouffe sous le poids de la bienséance. Pour porter cette fougue contestataire, Jacques-Yves Henry a fait appel à une distribution de jeunes acteurs issus des ateliers et des stages organisés par le Carré 30. Chacun d’entre eux déploie alors toutes les ressources de sa jeunesse, du charme androgyne d’un sourire à la virilité d’un corps musclé, pour donner vie à la faune underground de William Burroughs. Gamins des rues, flics et soldats corrompus, drogués et prostitués se croisent dans les quartiers interlopes des États-Unis et d’Amérique centrale, se charmant, se baisant et se repoussant, dans une recherche sans cesse renouvelée d’un contact humain à l’état brut.

Sauvages rencontres, du 6 au 14 juillet au Carré 30, 12 rue Pizay -Lyon 1 / 04.78.39.74.61 / http://theatrecarre30.wixsite.com/site

 

William Burroughs
_1914_ naissance à Saint-Louis (Missouri)
_1944_ rencontre avec Allen Ginsberg et Jack Kerouac
_1953_ parution de son premier roman, Junkie, qui se présente comme «les confessions d’un drogué non repenti»
_1959_ parution du Festin nu, roman composé avec l’aide de Ginsberg et Kerouac et dans lequel Burroughs expérimente la technique du cut-up, recourant aux collages de phrases, de situations et de personnages.
_1970_ parution des Garçons sauvages
_1997_ mort à Lawrence (Kansas)

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