Curlew River de Benjamin Britten mis en scene par Olivier Py heteroclite avril 2014 - copyright Bertrand Stofleth

L’Opéra de Lyon rend hommage à Benjamin Britten

Depuis que Serge Dorny dirige l’Opéra de Lyon, chaque saison comprend, en guise de point d’orgue, un festival. Ce moment musical fort est dédié cette année à Benjamin Britten (1913-1976), l’un des plus grands compositeurs anglais depuis Purcell et le XVIIe siècle.

Expérimentateur dans le domaine de l’opéra, individu libre dans une Angleterre puritaine, homme à l’humour ravageur, antimilitariste convaincu : la figure de Benjamin Britten déroute. Sa musique, d’une extrême sensibilité, d’une profondeur sans fin, d’une élégance rare, reste étrangement mésestimée en France. Peter Grimes, Le Tour d’écrou et Curlew River, trois œuvres composées chacune à dix années d’intervalle et proposées durant le festival, montent l’évolution subtile de son écriture. Les trois opus scrutent l’être humain de fond en comble et interrogent des notions telles que la liberté, l’innocence ou la place de l’individu dans la société.

Le festival s’ouvrira avec Peter Grimes, dirigé par Kazushi Ono et mis en scène par Yoshi Oida. L’’intrigue de cet opéra dérange et nous plonge dans un profond malaise : le héros éponyme est un pêcheur qui choisira finalement le suicide face à un village entier qui l’accuse de meurtre. L’œuvre permet à Benjamin Britten de parler du thème de la différence, de son rejet par la société – et donc, en filigrane, de sa propre homosexualité.

Le Tour d’écrou, dirigé par le même Ono, est mis en scène par la jeune et visionnaire Catalane Valentina Carrasco. C’est une œuvre tout en noir, à l’ambiance irrespirable et magnifique à la fois, dans laquelle on retrouve les thèmes chers à Benjamin Britten : l’hypocrisie de la société, les tourments de l’âme…

Quant à Curlew River, c’est une étrange «parabole d’église», selon les termes même de son auteur, ici mise en scène par Olivier Py. Benjamin Britten a écrit là une œuvre pour voix d’hommes influencée par le théâtre nô japonais. Olivier Py appuie fortement sur l’ambiguïté homme/femme et pousse à l’envie vers une religiosité trop radicale. Il n’en fallait peut-être pas tant sur scène mais la musique de Benjamin Britten, fragile, épurée et cristalline, bouleverse à elle seule.

 

Festival Britten, du 10 au 29 avril à l’Opéra de Lyon, place de la Comédie-Lyon 1 / 04.69.85.54.54

 

Photo : Curlew River de Benjamin Britten mis en scène par Olivier Py © Bertrand Stofleth

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