“Gerontophilia”, “Eastern Boys” : la vraie vie est ailleurs

Gerontophilia et Eastern Boys, deux films qui sortent en DVD cet automne, présentent des histoires d’amour homosexuelles qui dynamitent le cadre étroit des conventions sociales.

Et donc, depuis un an, le mariage. Et on ne s’en prive pas, malgré les cris d’orfraie alentours. Plusieurs milliers d’entre nous déjà ont franchi le pas, d’autres s’apprêtent à le leur emboîter. Bravo à toutes et tous. Plein de bonheur ! Et donc, mariés, ou en voie de l’être. Et donc comme tout le monde, normalisés, banalisés. Beaucoup s’en réjouissent, certains s’en désolent. Les uns ont-ils raison, les autres tort, et si oui lesquels ? Allons donc, c’est comme toujours plus complexe : il faut être pareil et différent. Il faut exiger l’égalité pour affirmer sa singularité. C’est bien ce que parviennent à faire, avec une belle foi dans le cinéma et sa puissance, à la fois Bruce LaBruce (Gerontophilia) et Robin Campillo (Eastern Boys), en signant deux films sur cette homosexualité irréductible au seul cadre du couple ou du mariage, sur ce désir magnifique et si peu rassurant des corps qui s’amuse à dynamiter toutes les conventions sociales.

Éloge de la marge

Dans Gerontophilia, épatant pied de nez à la comédie romantique (genre petit-bourgeois par excellence), un tout jeune et très beau garçon de dix-huit ans s’éprend d’un vieillard (ou plutôt découvre ses pulsions pour les très vieux messieurs)…

eastern boys robin campillo heteroclite avril 2014

Dans Eastern Boys, étrange et fastueux objet filmique flirtant avec les genres, un intellectuel quadragénaire tombe raide dingue d’un prostitué ukrainien de la gare du Nord qui, avec sa bande, le dépouille dans une des séquences les plus sidérantes qu’on ait vues sur un écran ces dernières années.

Avec ces deux très beaux films qui n’ont en commun que leur choix de s’affranchir avec allégresse et évidence des règles de la bienséance et de la bien-pensance, les réalisateurs confirment ce qui, si l’on y songe, ne faisait pas un pli : que la norme (ou son aspiration) n’a jamais produit une œuvre digne de ce nom. Et que pour un artiste, un vrai, la vraie vie est ailleurs, à côté, dans la marge. Quand on vous dit qu’il faut toujours croire les artistes…

 

Gerontophilia, de Bruce LaBruce, sortie en DVD le 7 octobre (Épicentre Films)
Eastern Boys, de Robin Campillo, sortie en DVD le 21 octobre (Luminor)

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